Vente massive de maillots, valorisation de l'image du joueur, voire éventuelle plus-value sur un nouveau transfert... United peut espérer rentrer dans ses frais, en tout cas à terme.
Vendre des maillots comme les "Galactiques"
Et si avec Pogba Manchester United était en train de répliquer le modèle doublement gagnant des "Galactiques" du Real Madrid, club le plus riche du monde avec 577 millions d'euros de revenus en 2015, selon le cabinet Deloitte, et récent vainqueur de la Ligue des champions ?
"Cela ressemble vraiment à cela", estime auprès de l'AFP l'économiste Bastien Drut.
Il souligne le recrutement "de personnes un peu fantasques" comme l'entraîneur José Mourinho, Zlatan Ibrahimovic et surtout Pogba, susceptibles de "déchaîner les ventes de produits dérivés", à l'instar de Cristiano Ronaldo ou James Rodriguez, transférés à prix d'or à Madrid (91 et 80 millions d'euro) mais devenus de redoutables machines à cash.
"Avec les ventes de maillots, le transfert de Ronaldo a été rentabilisé en deux, trois ans", rappelle M. Drut. "Manchester United c'est un peu comme le Real, une marque globale qui est connue partout dans le monde, donc on peut tout à fait imaginer que le transfert de Pogba soit rentabilisé en trois, quatre ans".
Pogba possède déjà une grande cote auprès des passionnés: il est le huitième meilleur vendeur de maillot dans le monde, avec 667.000 exemplaires écoulé de la tunique de la Juventus Turin l'an dernier selon l'agence Euromericas.
Un chiffre prometteur, même si le Français reste derrière ses deux futurs coéquipiers Zlatan Ibrahimovic (7e, 865.000 avec le Paris SG) et Wayne Rooney (6e, 877.000), et encore très loin du leader Lionel Messi (1.958.000).
. Potentiel marketing et droits à l'image
Outre la vente de tuniques, le potentiel marketing de "la Pioche" se présente comme l'autre principale source de revenus pour ManU.
Car avec ses coupes de cheveux fantaisistes, sa popularité chez les plus jeunes et ses millions de followers sur les réseaux sociaux (6,9 M sur Instagram), le joueur de 23 ans est, à l'image d'un David Beckham, un "marquee-player". C'est-à-dire un joueur capable d'amener une "valeur ajoutée économique" à son club, assure à l'AFP Lionel Maltese, spécialiste du marketing sportif.
Les dirigeants de ManU l'ont bien compris. Selon L'Equipe, le joueur, rémunéré à hauteur de 13 millions d'euros brut par an, va céder 80% de ses droits d'image au club mancunien, estimés à 45 millions par an.
"Il va y avoir un +push+ marketing fort de Manchester sur Pogba", assure M. Maltese.
Traduction: grâce à l'image de Pogba, le club anglais espère attirer de nouveaux sponsors, et donc de nouveaux revenus. Et prendre ainsi des parts de marché à ses grands rivaux, sportifs comme financiers, le Real Madrid et le FC Barcelone, qui ont pour têtes de gondole Cristiano Ronaldo et Lionel Messi.
Exemple éclatant de ces attentes: le partenariat entre Manchester United et son équipementier, Adidas, qui est aussi celui de Pogba. Ce partenariat est déjà le plus cher du monde (montant minimum d'environ 940 millions d'euros sur dix ans) et pourrait encore gonfler avec la venue du Français.
"Il va y avoir des synergies qui vont se mettre en place avec la possibilité de décupler les produits Manchester et Pogba et de toucher encore plus de monde", prédit M. Maltese.
Plus-value à venir ?
En dépit de la somme record investie par les Red Devils et du partenariat fructueux qui s'annonce, Pogba n'est pas contraint de terminer sa carrière dans le nord de l'Angleterre. Mieux, s'il exploite à fond son énorme potentiel, Manchester United pourrait même s'offrir... une plus-value sur une revente à terme, selon M. Drut.
"Si on anticipe que les indemnités de transfert peuvent continuer à augmenter pendant quelques années, on peut éventuellement imaginer que Manchester puisse revendre Pogba au même prix, voire plus cher dans quelques années", estime-t-il.
"Sa valeur ne peut pas être multipliée par 10 ou 20, elle peut gagner peut-être 5%, 10 %. La marge de progression existe peut-être mais elle n'est pas énorme", prévient toutefois Wladimir Andreff, spécialiste de l'économie des clubs de football.
Selon lui, "pour faire monter (l'opération) au-dessus de 105 millions demain, sans que la qualité de Pogba augmente elle-même, il faudrait qu'il y ait une surenchère entre les clubs pour l'avoir". Qui osera se le permettre ?
Avec AFP