- Artisan des accords d'Oslo -
Peres était l'un des grands artisans des accords historiques d'Oslo (1993 et 1995) entre Israël et l'Organisation de libération de la Palestine. Ces accords ont jeté les bases de l'autonomie palestinienne et étaient censés conduire à un traité de paix.
Ministre des Affaires étrangères de son grand rival travailliste Yitzhak Rabin, il était chargé des négociations. Les accords ont valu le Nobel de la paix à Peres, Rabin ainsi qu'au leader palestinien Yasser Arafat en 1994.
La solution à deux Etats, israélien et palestinien, coexistant en paix "est la seule voie possible pour mettre fin au terrorisme, à la violence et à la haine", disait-il en février malgré le dépérissement des accords.
M. Peres a aussi été impliqué dans l'effort de paix avec l'Egypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes avec lesquels Israël a signé un traité de paix.
- Un faucon devenu colombe -
"Ce n'est pas moi qui ai changé. Je crois que la situation a changé. Tant que l'existence d'Israël était menacée, j'étais ce que vous appelleriez un faucon (...) Dès que j'ai senti que les Arabes étaient ouverts à la négociation, j'ai dit que c'était ce que nous préférions aussi", disait-il au magazine Time en février.
- Figure prééminente -
En Israël, son aura de dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l'Etat hébreu et son omniprésence pendant des décennies l'avaient imposé comme une figure prééminente.
Deux fois Premier ministre entre 1984 et 1986 puis entre 1995 et 1996, président de 2007 à 2014, ministre de la Défense, des Affaires étrangères, des Finances, etc. compagnon de route de David Ben Gourion, Rabin et Ariel Sharon, il s'était érigé en autorité respectée, même s'il avait souvent été contesté dans ses innombrables postes, au gouvernement ou dans l'opposition.
Dans les années 50, à la direction générale du ministère de la Défense, il avait participé à l'approvisionnement d'Israël en armes modernes, notamment par la France avec laquelle il jouait les intermédiaires privilégiés.
Il a pris part à la préparation de l'expédition de Suez lancée en 1956 par Israël, la France et le Royaume-Uni après la nationalisation du canal de Suez.
Alors ministre de la Défense, M. Peres avait cautionné dans les années 70 en Cisjordanie occupée les premières colonies, ces implantations considérées comme illégales par l'ONU qui ont proliféré depuis et sont largement considérées comme un obstacle à la paix.
Il était Premier ministre en 1996 quand plus de 100 civils ont été tués dans un camp de réfugiés l'ONU bombardé par Israël dans le village libanais de Cana.
- Le père du programme nucléaire israélien -
A la direction générale de la Défense, M. Peres a jeté les fondations du programme nucléaire israélien et oeuvré à la construction du réacteur de Dimona, avec la France comme fournisseur majeur.
Il se créditait d'avoir instauré à l'époque la politique, toujours en vigueur, d'ambiguïté de la part d'Israël sur le fait qu'il aurait ou non l'arme nucléaire.
Peres a justifié la construction de Dimona par la pénurie de ressources énergétiques en Israël, mais a aussi invoqué les vertus de dissuasion du réacteur.
"Je n'ai aucun doute sur le fait que Dimona a conféré à Israël une dimension de dissuasion. Pour moi, Dimona a constitué le premier pas vers Oslo", disait-il en 2014.
- Le protégé de Ben Gourion -
Né en 1923 au sein d'une famille aisée dans ce qui était alors la Pologne et aujourd'hui le Bélarus, M. Peres a émigré en 1934 vers la Palestine sous mandat britannique.
Très tôt engagé en politique au kibboutz, il avait rejoint en 1947 la Haganah, la devancière de l'armée israélienne et avait été pris sous son aile par David Ben Gourion, qui proclama l'Etat d'Israël.
Elu au Parlement en 1959, il y a servi quasiment sans discontinuer jusqu'à son accession à la présidence en 2007.
Avec AFP