Le Pentagone a affirmé lundi qu'il restait désormais 61 détenus dans ce centre ouvert sur une base navale américaine à Cuba par le président George W. Bush à Cuba pour y regrouper les prisonniers de la "guerre contre le terrorisme".
Au total, 780 prisonniers y ont transité, la plupart des suspects de terrorisme capturés après les attentats du 11 septembre 2001 et détenus sans jugement pendant des années, ce qui a suscité de nombreuses condamnations internationales.
Douze des hommes libérés sont Yéménites et trois sont Afghans, selon un responsable du département d'Etat s'exprimant sous condition d'anonymat.
Parmi eux, l'Afghan Obaidullah, arrêté pour avoir caché des mines en 2001 dans son pays, était détenu à Guantanamo depuis plus de 13 années sans procès.
Washington avait des difficultés à trouver un pays tiers acceptant d'accueillir des Yéménites, qui ne peuvent pas être pris en charge dans leur pays à cause de la guerre civile en cours depuis 2015.
"Les Etats-Unis expriment leur reconnaissance envers le gouvernement émirati pour son geste humanitaire et sa volonté de soutenir les efforts américains pour fermer le centre de détention de Guantanamo", a déclaré le Pentagone dans un communiqué.
Après avoir été transférés, les anciens détenus de Guantanamo sont en général placé en liberté surveillée et soumis à des programmes de réinsertion.
L'organisation Amnesty international avait peu avant affirmé que les Etats-Unis allaient libérer quinze prisonniers, le transfert le plus important de l'administration Obama.
Les libérations s'accélèrent
"Cela contredit nettement l'idée que Guantanamo sera ouvert pour toujours", a déclaré à l'AFP Naureen Shah, directeur d'Amnesty International USA chargé de la sécurité et des droits de l'homme.
Le président Obama, qui entendait fermer cette prison que "le monde condamne" dès la première année de son mandat, avait présenté en février dernier un plan de fermeture de la prison.
"Le maintien de ce centre de détention affaiblit notre sécurité nationale car elle épuise nos ressources, gâte nos relations avec nos partenaires et nos alliés-clés et renforce les violents extrémistes", a déclaré Lee Wolosky, envoyé spécial du département d'Etat pour la fermeture de Guantanamo.
"le soutien de nos amis et alliés - comme les Emirats - est crucial pour la réalisation de notre objectif commun", a-t-il ajouté.
Les libérations se sont accélérées ces derniers temps, le président souhaitant tenir sa promesse de clore la prison même avec sept ans de retard.
Cela paraît pourtant impossible avant la fin de son mandat en janvier 2017 faute de trouver un endroit, aux Etats-Unis, où transférer la cinquantaine de prisonniers qui ne sont pas libérables.
Les républicains, majoritaires au Congrès, et certains démocrates bloquent toute initiative.
Les détenus non libérables ne peuvent pas non plus être jugés par un tribunal classique, certains ayant été torturés ou arrêtés dans des circonstances illégales aux yeux de la loi américaine.
Aujourd'hui, l'administration américaine cherche un pays d'accueil aux 19 prisonniers qui sont immédiatement libérables.
Seuls 10 détenus, parmi lesquels les cinq hommes accusés d'avoir organisé les attentats du World Trade Center, doivent être jugés.
En 2001, Guantanamo devait accueillir "les pires parmi les pires", selon les mots du vice-président de George W. Bush, Dick Cheney.
Mais il s'est avéré qu'elle accueille aussi des seconds couteaux, voire des malheureux qui n'avaient commis aucun crime mais s'étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment dans "la guerre mondiale contre le terrorisme" déclarée par les Etats-Unis.
Le candidat républicain Donald Trump s'est déjà engagé, s'il est élu, à remplir Guantanamo de "sales types" et qu'il rétablirait des pratiques de tortures "bien pires que les simulations de noyade".
Dans cette hypothèse, il est urgent selon Amnesty International, que le président Obama ferme Guantanamo avant que la prochaine administration remplisse à nouveau les cellules de jihadistes arrêtés dans le cadre de la guerre contre l'organisation Etat islamique.
Avec AFP