"La Monusco (Mission des Nations unies en RDC) a évacué par hélicoptère 12 journalistes de Rutshuru vers Goma ce lundi 31 octobre 2022 à la suite de la détérioration de la situation sécuritaire", a indiqué l'organisation sur Twitter, photo à l'appui. "Douze autres journalistes du territoire de Rutshuru devraient être évacués (mardi) par la Monusco de Kiwanja vers Goma", a-t-elle ajouté.
Après des semaines d'accalmie, les combats opposant les forces armées congolaises aux rebelles du M23 ont repris le 20 octobre. Samedi, les rebelles ont capturé les villes de Kiwanja et Rutshuru-centre, situées sur la route nationale 2, axe stratégique desservant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. En juin, le M23 s'était emparé de la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise.
Dans une série de tweets, la Monusco note que "le directeur de la radio RACOM, 'la voix de Mikeno' (une station locale) et ses deux techniciens ont fui Bunagana à pied marchant 34 km durant 7 heures pour atteindre la base de la Monusco à Kiwanja" et que "RACOM a été pillée le 14 juillet 2022 par le M23".
Interrogé lundi soir par les médias, le ministre de la Communication et médias Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, a indiqué avoir parlé à plusieurs journalistes "bloqués à Kiwanja" et qui "ont éteint leurs médias, parce que pris pour cibles par le M23".
Sur une vingtaine de journalistes, "on a réussi à (en) ramener sur Goma une douzaine" et, a-t-il assuré, "nous continuerons à suivre la situation avec la Monusco pour être sûrs que les journalistes soient en sécurité et continuent à faire leur travail". "Refuser aux journalistes d'opérer, c'est tuer la liberté de la presse", a ajouté le ministre.
A Genève, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk, qui s'est inquiété mardi dans un communiqué de la dégradation de la situation dans la région, a notamment appelé les autorités à prendre les mesures nécessaires "pour protéger les journalistes et autres professionnels des médias, dont certains ont déclaré avoir été menacés et harcelés depuis la reprise des hostilités, dans le but d'influencer leurs reportages".
Le M23 ("Mouvement du 23 mars") est une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes fin 2021, en reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants. La RDC accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali dément systématiquement.