Une délégation burundaise s'est présentée devant le Comité le 28 juillet, mais a annulé sa participation le lendemain pour protester contre la présentation d'un autre rapport établi par des représentants de la société civile burundaise, dont quatre avocats, et dénonçant des tortures et des disparitions.
Le procureur burundais a immédiatement demandé que les avocats soient radiés du barreau de Bujumbura, alléguant "leur implication dans (...) la participation à un mouvement insurrectionnel et une tentative de coup d'État".
L'ONU a vivement dénoncé ces représailles.
"Le Comité enjoint instamment l'Etat partie (Burundi) à protéger les membres de la société civile qui ont coopéré avec le Comité (...) et à cesser tout acte de représailles", exige-t-il dans son rapport rendu public vendredi.
Le document de 12 pages demande par ailleurs aux autorités burundaises d'ouvrir des "enquêtes indépendantes et impartiales" sur 348 exécutions extrajudiciaires et 651 cas de torture enregistrés entre avril 2015 et avril 2016, qui auraient été commis en majorité par des membres de la police et des services de renseignement.
Les violences au Burundi ont éclaté en avril 2015, après que le président sortant Pierre Nkurunziza eut décidé de se présenter pour un troisième mandat. Il a été réélu en juillet 2015.
Le Comité contre la torture dénonce également les "disparitions forcées d'opposants politiques", citant le chiffre de 36 cas entre avril 2015 et avril 2016, les "violences sexuelles par les forces de sécurité et des jeunes Imbonerakure" (miliciens), ainsi qu'une "rhétorique génocidaire" visant la minorité tutsie.
"Le Comité demande au Burundi de lui soumettre d'ici au 12 octobre un rapport spécial de suivi sur toutes les mesures prises pour mettre en oeuvre l'ensemble des recommandations" figurant dans le rapport.