Véritablement inattendue, la prolongation de l'embargo sur les armes a créé des frustrations dans tout le pays. Les centrafricains qui espéraient voir la levée de cet embargo ont été surpris d’apprendre sa prolongation. A Bangui, l’homme de la rue n’est pas resté indifférent, certains trouvent la décision "inacceptable" ou fustigent les multiples reports... D'autres insistent sur l'importance d'être "autonome" ou posent simplement la question : "quand la RCA aura-t-elle sa souveraineté en matière de sécurité ?"
Un embargo vécu comme une punition
La Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme dit ne pas être surprise de cette décision. Pour elle, il ne s’agit pas d’un embargo, mais plutôt d’une punition du peuple centrafricain. L’ancien ministre de la Défense, Joseph BINDOUMI est son président. "Le maintien ou la prologation de l'embargo ne devrait pas se calculer en terme de formation de militaires, ca devrait se calculer en nombre de personnes qui vont encore mourir. Nous sommes membres des Nations unies, nous ne devons pas être là en train dêtre puni. L'embargo aujourd'hui n'est pas considéré comme une sanction des Nations unies mais comme une punition du peuple centrafricain."
Déception des députés centrafricains
A l’Assemblée Nationale, les députés ont à plusieurs reprises interpellé les nouvelles autorités sur les démarches menées en faveur de la levée de cette sanction. Jean Bosco NAMTOUA, député de Bouca 1(Préfecture de l’Ouham) se dit déçu. "Je suis profondément déçu car un état sans son armée n'est pas un état. Dans nos provinces, l'insécurité règne, nos populations souffrent. Alors cette population a besoin de son armée mais dire que l'on a prolongé la levée de cet embargo, vraiment je suis totalement déçu de la situation."
Le gouvernement mise sur une levée progressive de l'embargo
De son côté, le gouvernement se veut optimiste. Le ministre de la Défense Joseph YAKETE indique que malgré cette prolongation, il existe des alternatives pour réarmer les forces de défense et de sécurité centrafricaine : "c'est un coup dur pour notre pays en même temps, c'était prévisible. L'expérience nous montre que partout où il y a eu l'embargo sur l'importation des armes, l'embargo a toujours été levé de façon progressive. Je suis aussi satisfait d'un aspect : si aujourd'hui nous nous répondons à un certain nombre de critères définis par le comité de sanctions, nous avons la possibilité de nous procurer l'armement qu'il faut pour équiper nos soldats qui ont fini leur formation."
En 2014, le conseil de sécurité de l’ONU a imposé un embargo sur les armes à destination de la République Centrafricaine alors que le pays était en proie à des violences intercommunautaires.
Freeman Sipila (VOA Afrique - Bangui)