Me Jean-Joseph Mukendi a indiqué à des journalistes avoir déposé devant la Cour suprême de justice congolaise une "requête de prise à partie" contre le procureur général de la justice militaire, chargée d'instruire l'affaire.
Cette procédure vise à obtenir que le général John Numbi, ancien chef de la police congolaise, soit entendu au cours de l'instruction.
Fondateur de l'ONG La voix des sans voix (VSV), Floribert Chebeya avait été retrouvé mort dans sa voiture en périphérie de Kinshasa le 2 juin 2010. La veille, il s'était rendu à l'inspection générale de la police congolaise, avec son chauffeur, Fidèle Bazana, pour y rencontrer le général Numbi.
A l'issue d'une enquête dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l'Homme et plusieurs chancelleries occidentales, cinq policiers ont été condamnés en 2011 (quatre à mort et un à la prison à vie) pour le meurtre de Chebeya et de Bazana, dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Les plaignants avaient demandé en vain la comparution du général Numbi : celui-ci avait été étendu par le tribunal comme simple témoin.
En 2012, l'un des condamnés à mort, alors en fuite et réfugié aujourd'hui au Sénégal, avait mis en cause le général dans la fin tragique de Chebeya et Bazana. Sur la base de son témoignage, la famille de Chebeya a déposé une plainte visant l'officier la même année et attend depuis lors - en dénonçant un "déni de justice" - que la justice militaire (compétente pour les affaires impliquant des policiers) rouvre l'enquête.
"Le souci de la famille Chebeya est uniquement la découverte de la vérité", a déclaré Me Mukendi, "c'est dans ce souci de vérité [... que] nous avons déposé une plainte".
Le général Numbi a toujours affirmé n'avoir jamais rencontré Chebeya. Lors du procès, il avait déclaré ne lui avoir "jamais" donné rendez-vous. Suspendu de ses fonctions quelques jours après le meurtre, qui avait suscité une vive consternation en RDC et à l'étranger, le général a été officiellement démis en décembre 2013.
Commencé en juin 2012, le procès en appel des cinq policiers condamnés en première instance (dont trois sont en fuite) a été suspendu en mai 2013. Il doit reprendre le 21 avril à Kinshasa devant la Haute Cour militaire congolaise.