"Depuis 105 jours, Bunagana est occupée par le M23" et "les FARDC (armée congolaise) ne mènent aucune offensive contre les assaillants pour reprendre Bunagana. Ils ont peut-être sacrifié Bunagana mais pas nous", écrit sur Twitter le mouvement Lutte pour le changement (Lucha), un des organisateurs du mouvement.
Les rebelles du M23 ("Mouvement du 23 mars") se sont emparés le 13 juin de Bunagana, un important carrefour commercial de la province du Nord-Kivu, situé dans le territoire de Rutshuru, à la frontière ougandaise.
La Lucha a appelé à la tenue de deux journées "ville morte", lundi et mardi, à Goma, chef-lieu de la province, pour dénoncer "le silence de la république".
Lundi matin, les écoles, boutiques, banques, marchés sont restés fermés à l'exception des pharmacies. Dans certains quartiers de la ville, quelques jeunes en colère ont barricadé les rues et jeté des pierres sur la chaussée, avant d'être dispersés par la police qui a ensuite ouvert la voie, ont constaté deux correspondants de l'AFP.
"Nous manifestons pour dénoncer le silence des autorités [qui] n'agissent pas" alors que la cité de "Bunagana est occupée par le M23 et que nos frères continuent à souffrir", déclare une jeune habitante de Goma, Lwanzo Kakule.
"L'insécurité grandit de jour en jour, les gens sont tués, le M23 est toujours à Bunagana et l'armée ne lance pas d'opérations pour déloger ces rebelles", déplore un autre résident, Damien Paluku.
Des habitants réclament aussi la levée l'état de siège, une mesure exceptionnelle instaurée en mai 2021 par le président Félix Tshisekedi dans le but de mettre fin à l'insécurité causée par la présence de dizaines de groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d'année dernière en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda conteste.