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Les familles déplacées suite aux affrontements de Rutshuru se sentent délaissées


À l'école primaire Rugabo à Rutshuru, les déplacés font la queue pour se faire enregistrer en fin de bénéficier d'une assistance humanitaire. Rutshuru, le 12 avril 2022. (VOA/Zanem Nety Zaidi).
À l'école primaire Rugabo à Rutshuru, les déplacés font la queue pour se faire enregistrer en fin de bénéficier d'une assistance humanitaire. Rutshuru, le 12 avril 2022. (VOA/Zanem Nety Zaidi).

Dans l’est de la République démocratique du Congo, après les récents affrontements entre les forces armées et les rebelles du M23, les populations des groupements de Jomba et Bweza ont fui vers d'autres lieux jugés sécurisés mais se disent maintenant délaissées.

Dans les couloirs de l'école primaire de Rugabo à Rutshuru, Iraguha Abraham, déplacé de Jomba, se promène avec sa fille de 2 ans dans les mains, heureux de l'avoir retrouvée avec sa mère deux jours après la panique qui a suivi les combats.

"La guerre a éclaté alors que j'étais aux champs. Quand je suis arrivé à la maison, j'ai trouvé tout le monde en train de fuir, j'ai aussi été obligé de partir sans ma famille. C'est quand je suis arrivé ici, au centre de Rutshuru, que j'ai contacté ma famille pour leur demander de me rejoindre", révèle-t-il.

Certes il a retrouvé sa famille mais il a toujours du mal à les nourrir ou même trouver de quoi couvrir ses enfants la nuit parce qu’il fait froid dans la salle de classe qui leur sert d'abri.

"Nous vivons ici avec difficulté car nous avons fui sans rien apporter. Nous mangeons après avoir mendié dans différents quartiers ; et les nuits, nous les passons à même le sol sans matelas, ni natte, ni même bâche. Nous dormons très mal", regrette-t-il.

Pour les responsables des familles d'accueil de Rutshuru, la situation économique se complique également à cause de ces personnes déplacées, d'où l'appel à l’aide du gouvernement congolais.

"J'ai accueilli une famille composée de parents et de sept enfants. Nous souffrons tous ensemble ici car nous sommes aussi 9 dans la famille, même pour manger nous devons aller fouiller avec peine dans nos champs, bref la vie devient très difficile", confie Sifa Bizimungu, une habitante du quartier Fuko 1. "Nous demandons aux autorités de venir d'urgence en aide à ces personnes déplacées et de voir comment rétablir la paix dans leur environnement", ajoute-t-elle.

La coordination des organisations humanitaires du territoire de Rutshuru a commencé à enregistrer les ménages de cette école primaire, afin de planifier la réponse, a déclaré Clément Ntaboba, coordinateur de cette structure.

"Nous sommes en train d'enregistrer ces déplacés de Jomba, Bweza et Kisigari pour connaître le nombre exact afin de planifier la réponse", assure-t-il.

La société civile de Rutshuru, quant à elle, demande à ces organisations humanitaires de se pencher sur les besoins prioritaires des déplacés.

"Comme pour tout être humain, ces déplacés ont besoin de plusieurs autres choses. Après la nourriture, il faut des médicaments, et les autres besoins doivent être satisfaits après", lance Samson Rukira, le rapporteur de cette structure citoyenne.

Il faut noter que les affrontements ont cessé le week-end dernier. Le M23 a signé et rendu public un communiqué retirant ses combattants de toutes les positions qu'ils avaient prises mais les déplacés hésitent encore à rentrer chez eux, craignant une reprise des hostilités.

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