Un sixième prévenu, en fuite, est jugé par défaut par le tribunal de garnison de la capitale de la RD Congo, siégeant en audience foraine sous une grande tente kaki dans l'enceinte de la prison militaire de Ndolo à Kinshasa, où sont détenus les accusés.
Le procès avait commencé le 12 octobre mais avait été immédiatement suspendu à la demande des avocats commis à la défense, qui avaient souhaité pouvoir prendre connaissance du dossier.
De nouveau, le fond de l'affaire n'a pas été étudié à la reprise de l'audience mercredi, un des avocats, Me Joseph Amzati, ayant demandé au tribunal militaire de se déclarer incompétent, au motif notamment que ses clients, arrêtés à Goma (Est) début 2022, sont des civils. Il a aussi réclamé leur remise en liberté provisoire car, a-t-il ajouté, "ils clament tous leur innocence pure et simple".
Pour le compte du ministère public, le lieutenant-colonel magistrat Joseph Malikidogo s'est opposé aux deux requêtes. Les prévenus, a-t-il expliqué, sont jugés pour meurtre, association de malfaiteurs et "détention illégale d'armes et munitions de guerre", ce dernier chef relevant bien selon lui de la justice militaire. "Le meurtre a été commis avec des armes de guerre", a-t-il insisté.
Quant à la liberté provisoire, a poursuivi le lieutenant-colonel, "je ne sais pas ce qui justifierait ça!". Les faits jugés "sont d'une gravité indescriptible", a-t-il relevé, estimant qu'"il serait très scandaleux que des personnes poursuivies pour des faits aussi graves soient remises en liberté".
Le tribunal a alors de nouveau suspendu les débats et prévu de rendre sa décision sur les demandes de la défense mercredi prochain, le 26 octobre.
Les accusés, alignés debout devant leurs juges, n'ont pas pris la parole. Il leur a simplement été expliqué, par le biais d'un interprète en swahili, langue parlée dans l'est de la RDC, la teneur de l'audience, à laquelle a notamment assisté l'ambassadeur d'Italie Alberto Petrangeli.
Son prédécesseur, Luca Attanasio, 43 ans, était mort le 22 février 2021 après avoir été blessé par balles lorsque le convoi du Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) dans lequel il circulait avait été pris dans une embuscade au nord de Goma, aux abords du parc national des Virunga, une région en proie aux violences de groupes armés depuis près de 30 ans.
Son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et un chauffeur congolais du PAM, Mustapha Milambo, avaient aussi été tués.
En janvier dernier, la police congolaise avait annoncé avoir arrêté des auteurs présumés de cette attaque, des "criminels" qui au départ n'avaient semble-t-il pas l'intention de tuer l'ambassadeur, mais de le kidnapper et de demander un million de dollars pour sa libération.