Ces violences représentent une menace pour la "transition" et la relative stabilisation en cours en RDC depuis l'investiture du président Félix Tshisekedi en début d'année.
Le Conseil de sécurité doit renouveler d'ici la fin de l'année l'actuel mandat de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) valable jusqu'au 31 décembre.
A l'approche de cette échéance, un rapport remis au Conseil "recommande un calendrier de retrait de la Monusco qui respecte un minimum absolu de trois ans".
"Cependant, une période de transition de trois ans pourrait être trop courte", en raison des "risques de résurgence" des conflits à l'approche de la prochaine élection présidentielle prévue fin 2023.
Lors de la première année (en 2020), le nombre de Casques bleus devrait rester à environ 16.000 préconise le rapport publié à l'issue d'une "revue stratégique" de la force de l'ONU en RDC.
Après un an, un retrait des militaires onusiens devrait pouvoir s'effectuer dans les provinces de Tanganyika et du Kasaï, victimes de deux conflits en 2016-2017 à la fin du règne de l'ancien président Joseph Kabila.
La Monusco resterait focalisée lors de la deuxième année sur le Kivu et l'Ituri. Et la troisième année serait consacrée à achever le retrait de la force, précise le rapport.
Les provinces du Nord, du Sud-Kivu et de l'Ituri sont les grands points de fixation des violences dans l'est de la RDC depuis 25 ans.
Au total quelque 130 milices sont encore en activité dans cette partie de la RDC frontalière de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi.
Tous ces groupes n'ont pas la même force de frappe. Parmi eux se distinguent les Forces démocratiques alliées (ADF), par leur extrême violence.
Cette milice - à l'origine composée de musulmans ougandais - est responsable présumée du massacre de plusieurs centaines de civils dans la région de Beni depuis cinq ans.
Dix civils ont encore été tués mardi soir dans une attaque attribuée aux ADF à soixante kilomètres au nord de Beni.
- Coincés par le feu -
"Selon plusieurs sources militaires congolaises, six soldats congolais ont également été tués dans les affrontements avec les présumés ADF cette nuit à Kokola", selon le Groupe d'étude sur le Congo (GEC).
L'armée avait annoncé la semaine dernière des opérations d'"envergure" dans la région de Beni, également frappée par une épidémie d'Ebola depuis le 1er août 2018.
"Les ADF sont coincés par le feu de l'armée congolaise. C'est ainsi qu'ils cherchent à semer la terreur au sein de la population", a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'armée dans la région, le major Mak Hazukay.
Deux responsables de la société civile ont regretté que les opérations militaires se concentrent autour de la ville de Beni.
"Nous saluons le lancement des opérations militaires, mais nous demandons que cela se fasse sur les trois axes: centre, sud et nord", a déclaré l'un d'eux,Teddy Kataliko.
L'Etat islamique a revendiqué certaines attaques des ADF depuis le début de l'année, sans preuve irréfutable d'une affiliation des ADF à un quelconque "groupe État islamique - province d'Afrique centrale".
Autre zone de tensions depuis plusieurs mois: le Sud-Kivu, avec un conflit entre Congolais d'origine tutsi rwandais, les Banyamulenge, et d'autres communautés.
Le bilan du conflit est lourd: des dizaines de morts, des centaines de maisons incendiées, des milliers de personnes déplacées.
A titre préventif, les forces de l'ONU ont installé de nouvelles bases temporaires dans cette région qui surplombe le lac Tanganyika.
"Tous les jours il y a des incidents. Les gens viennent se réfugier autour des bases temporaires", indique une porte-parole de la Monusco.
Le budget actuel de la Monusco avoisine le milliard de dollars.L'ONU est présente militairement en RDC depuis une vingtaine d'années.