Dans son traditionnel discours annuel sur l'état de la nation, devant le Parlement réuni en congrès, le chef de l’État a évoqué officiellement pour la première fois cette intervention de l'armée ougandaise sur le sol congolais, déclenchée avec son accord.
Dès le début de son intervention, le président a affirmé sa détermination à "ne ménager aucun effort pour restaurer la paix et la sécurité" dans l'est du pays, en proie à la violence armée depuis plus de 25 ans. Une situation qui l'a conduit, a-t-il expliqué, à décréter début mai l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Cette mesure a permis, selon lui, de "faire bouger les lignes". "Des bastions jadis occupés par l'ennemi" ont été repris par l'armée, a-t-il notamment assuré.
Mais "par ailleurs", a-t-il poursuivi, "certaines forces terroristes opèrent également dans d'autres pays voisins". C'est le cas des ADF (Forces démocratiques alliées) "qui écument spécialement la frontière commune entre l'Ouganda et la République démocratique du Congo".
Implantés depuis 1995 en RDC, les ADF sont considérés comme le plus meurtrier des groupes armés sévissant dans l'Est, responsables du massacre de milliers de civils. Ils sont par ailleurs accusés par Kampala d'être responsables de récents attentats sur son sol revendiqués par l'organisation jihadiste État islamique (EI).
"Ainsi, pour les combattre plus efficacement, nos deux pays ont convenu tout récemment de mutualiser leurs efforts en vue de mener des opérations conjointes contre cet ennemi commun", a déclaré Félix Tshisekedi.
"Notre Parlement dument informé, je veillerai à limiter au temps strictement nécessaire à ces opérations, la présence de l'armée ougandaise sur notre sol", a-t-il conclu sur ce point.
Les populations locales, épuisées par des décennies de violence, ont accueilli plutôt favorablement l'opération militaire ougandaise contre les ADF. Mais elles souhaitent qu'elle soit limitée dans le temps, les Congolais n'ayant pas oublié le rôle joué par leurs voisins, rwandais et ougandais notamment, dans la déstabilisation de la RDC depuis les années 90.