De son vrai nom Ibrahim Mussa, Roma Mkatoliki avait été enlevé mercredi soir avec ses collaborateurs dans un studio d'enregistrement de la capitale économique tanzanienne Dar es Salaam, par des personnes non identifiées habillées en civil. L'artiste n'avait plus donné de signe de vie depuis.
Le musicien avait enregistré récemment dans les studios Tongwe Records un album critique envers le gouvernement mais qui n'avait pas encore été commercialisé.
Selon le quotidien Mwananchi, qui cite les proches des cinq personnes et la direction de Tongwe Records, le musicien et ses compagnons se trouvaient samedi en fin de journée dans un commissariat de Dar es Salaam où ils étaient interrogés par la police dans le cadre de l'enquête ouverte à la suite de leur disparition.
On ignorait en l'état l'identité des auteurs de l'enlèvement et l'endroit où le rappeur et ses collaborateurs ont été retenus.
Cette disparition était intervenue après l'arrestation le 26 mars par la police d'un autre rappeur, "Nay wa Mitego", en raison d'une chanson critiquant le pouvoir du président John Magufuli. Ce musicien avait été libéré le lendemain.
Dans de précédentes chansons, sorties avant l'élection de M. Magufuli en octobre 2015, Roma Mkatoliki avait dénoncé la corruption et le clientélisme dans les hautes sphères du pouvoir tanzanien, ainsi que le manque de liberté d'expression.
Surnommé "tingatinga" ("bulldozer" en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis son élection, déployant un style inhabituellement direct, voire abrupt, dans son exercice du pouvoir. Au point que ses détracteurs le qualifient désormais d'autoritaire et de populiste.
Avec AFP