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Réchauffement : un village ivoirien historique victime de la montée des eaux


Pendant la COP21, au Bourget (France), le 8 décembre 2015. (REUTERS/Stephane Mahe)
Pendant la COP21, au Bourget (France), le 8 décembre 2015. (REUTERS/Stephane Mahe)

Dans ce village situé sur une lagune à une centaine de km d'Abidjan, des habitants ont vu leurs maisons avalées par la montée des eaux et l'érosion. Quelque 20 000 personnes sont en danger.

"Aidez-nous !", s'écrie Albert Atcho, ramenant son filet vide sur les rivages de la lagune de Grand-Lahou, en Côte d'Ivoire. Coincés entre la mer et la lagune, 20.000 pêcheurs et habitants subissent au quotidien comme lui, désemparés, les conséquences du réchauffement climatique.

La ville de Grand-Lahou, située sur une bande de terre au milieu de l'eau à une centaine de kilomètres d'Abidjan, a déjà quelques "réfugiés climatiques": des habitants de la ville ont vu leurs maisons "mangées" par la montée des eaux et l'érosion.

Selon les experts, la montée des eaux met en péril la vie de 20.000 habitants de cette région de pêcheurs du littoral ivoirien, riche en ressources naturelles et dotée d'un énorme potentiel agricole et halieutique.

"Nous demandons au monde entier d'aider Grand-Lahou (...) Les enfants ne vont plus à l'école à cause de la montée des eaux", raconte Albert Atcho, face à la mer.

Le vieux "Lahou" était un ancien comptoir où des missionnaires blancs débarquèrent en 1920 pour évangéliser l'ouest ivoirien. Les dizaines de vieilles maisons coloniales héritées de cette époque ont longtemps constitué des attractions touristiques. Mais aujourd'hui, il ne reste que des pans du mur de l'ancien hôpital sur lequel viennent s'écraser des vagues.

"Le dernier vestige colonial de Lahou va disparaître dans quelques mois et son histoire avec, car la mer avance dangereusement", assure Parfait Dago, un habitant, pointant du doigt l'ancien hôpital, ou ce qu'il en reste.

"L'école sous les eaux"

La mer avance inexorablement, en ravageant tout sur son passage. Trois kilomètres de côte de la vieille ville ont ainsi disparu sous les eaux ces 20 dernières années.

"Je suis écoeuré (...) L'école primaire que j'ai fréquentée est sous les eaux... J'ai mal, c'est toute mon enfance qui été emportée", se lamente Alain Dégny, montrant les décombres de sa ville natale. Cet ingénieur de 45 ans décrit avec amertume un terrain de football sablonneux, les rues, le grand phare lumineux qui faisait la fierté du village...

Le village doit aussi faire face à la raréfaction du poisson.

"Avant, il y avait assez de poissons, alors que maintenant c'est dur pour nous (...) Si on ne nous aide pas, on risque de disparaître", dit M. Atcho.

"Les activités principales des habitants sont menacées. La jeunesse n'a plus d'emplois, les femmes n'ont plus d'activité... Nous sommes dans la paupérisation", déplore le maire de Grand-Lahou, Jean Djaya.

Selon les chiffres du ministère ivoirien de l'Environnement, "50% de la population ivoirienne vit en zone côtière et plus de 40% des Ivoiriens tirent leurs moyens de subsistance de cet espace".

Grand-Lahou abrite le parc national d'Azagny et des forêts de mangroves uniques sur le littoral ivoirien. Le désensablement de l'embouchure du fleuve qui se jette dans la mer permettrait de limiter l'érosion à Grand-Lahou, estime-t-on sur place.

"Sinon, il faudra se résoudre à déplacer les 20.000 personnes qui y vivent sur une bande de terre de 30 kilomètres vers l'intérieur, un défi titanesque", explique le jeune maire.

"Il y a urgence, nous lançons un appel aux partenaires afin d'apporter un appui à Grand-Lahou", lance-t-il.

"Sauver Lahou, c'est relancer l'économie locale en créant des conditions pour la sécurité alimentaire", ajoute-t-il, en soulignant que sauver la cité, qui a été l'une des capitales de la traite négrière, c'est aussi garder intact l'histoire du pays. Voire de l'Afrique.

AFP

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