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Réforme de la lutte antidopage : le sport entre interrogations et scepticisme


Le ministre des sports kényan Hassan Wario lors de la conférence de presse sur l'agence mondiale anti-dopage, Nairobi, le 13 mai 2016.
Le ministre des sports kényan Hassan Wario lors de la conférence de presse sur l'agence mondiale anti-dopage, Nairobi, le 13 mai 2016.

A l'approche d'une importante réunion de l'Agence mondiale antidopage (AMA) samedi et dimanche à Glasgow, la réforme de la lutte antidopage inscrite au programme suscite des interrogations voire du scepticisme chez les acteurs du sport, en particulier concernant son financement.

La mesure phare souhaitée par le CIO - rendre les contrôles antidopage plus indépendants en les retirant aux fédérations sportives pour les confier à une structure indépendante créée par l'Agence mondiale antidopage - est actuellement à l'étude par l'AMA. Le groupe de travail dédié fera un point à ce sujet lors du Conseil de fondation de l'Agence.

Mais pour beaucoup, au-delà de la mise en oeuvre des réformes qui prévoient aussi que les premières sanctions en matière de dopage soient prononcées non plus par les fédérations mais par le Tribunal arbitral du sport (TAS), le problème numéro un reste financier.

Des fédérations partagées

"Nous respectons les propositions de l'AMA et du CIO mais elles concernent plus les petites fédérations", continue d'affirmer Michel D'Hooghe, président de la Commission médicale de la Fifa, ajoutant que son instance n'est pas prête à déléguer ses contrôles. Même son de cloche pour le responsable d'une autre fédération olympique, qui sous couvert d'anonymat, estime cette proposition "plus politique que pratique".

En revanche, pour le secrétaire général de la Fédération de tir à l'arc, Tom Dielen, "cela ne changera pas grand chose pour nous car nous externalisons déjà nos contrôles". Pour le responsable de la lutte antidopage d'une "petite" fédération olympique, "tout ce qui va dans le sens de plus d'indépendance dans les contrôles est bienvenu, car dans le système actuel, c'est un peu le renard qui garde le poulailler". Mais "il y a encore trop de flou. Dans cette nouvelle entité indépendante, les gens n'auront pas notre connaissance, élément décisif notamment pour les contrôles ciblés".

Le précédent de l'UCI

"La bonne connaissance du sport reste fondamentale dans la lutte", confirme Christophe Misteli, secrétaire général de la Fondation antidopage du cyclisme (CADF), "structure indépendante" ayant le statut de fondation qui gère, depuis l'affaire Armstrong, le programme antidopage de l'Union cycliste internationale. "La CADF propose un modèle qui offre des garanties d'indépendance. Ce modèle est exportable vers d'autres fédérations", ajoute M. Misteli.

Obligatoire ou facultatif ?

"J'ai du mal à imaginer que le transfert des contrôles antidopage de chaque fédération soit obligatoire", s'interroge ce responsable d'une "petite" fédération. La structure indépendante chargée des contrôles "est une proposition du CIO", rappelle Olivier Niggli, directeur général de l'AMA. "Il appartiendra au CIO de convaincre les fédérations internationales d'en faire partie, comme il lui appartiendra d'en assurer d'une façon ou d'une autre le financement", ajoute-t-il.

Comment financer ?

Le CIO qui finance déjà la moitié des 27 M USD de budget de l'AMA, vient de décider de lui attribuer 500.000 dollars supplémentaires sous condition que des réformes soient adoptées et que les gouvernements, qui apportent l'autre moitié, suivent. Une idée est de demander aux fédérations de transférer à l'AMA le budget qu'elles consacrent à l'antidopage.

"Il faut que l'AMA cherche d'autres sources de financement que les gouvernements ou le mouvement sportif", estime le chercheur suisse Jean-Loup Chappelet pour qui ces sources pourraient venir notamment d'une "taxation des bénéficiaires d'un sport propre (diffuseurs, sponsors...) en échange d'un label +sport propre+".

La verrue russe

Les activités de l'AMA "ne sont pas transparentes, de nombreuses décisions sont prises en coulisses et cela devient un instrument de manipulation, notamment de nature politique", a répété la semaine dernière le président du Comité olympique russe Alexandre Joukov, alors que l'AMA, qui avait demandé une exclusion totale de la Russie des Jeux de Rio n'avait pas été suivie par le CIO.

"On parle beaucoup aujourd'hui de réformes du système antidopage et peu de la Russie", répond M. Niggli. "Le principal dossier en cours reste pourtant la question russe et la façon de s'assurer qu'un système crédible soit mis en place dans ce pays", ajoute M. Niggli.

"La crédibilité entière d'un système réformé passe par une réelle indépendance des structures antidopage nationales, dont les laboratoires", confirme un responsable de fédération. Et le rapport McLaren qui a révélé "le dopage d'Etat" en Russie et dont la version finale est attendue début décembre montre qu'il reste du travail à faire.

Avec AFP

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