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Réforme de livres scolaires au Cameroun pour lutter contre la corruption


Dans la cours de récréation, les élèves d’une école primaire à Yaoundé, le 15 décembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Dans la cours de récréation, les élèves d’une école primaire à Yaoundé, le 15 décembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Au Cameroun, il y aura désormais un seul livre scolaire inscrit au programme pour chaque matière, d’après un décret du Premier ministre camerounais signé récemment.

Éditeurs, enseignants, libraires et responsables d’établissements s'en réjouissent car, pour eux, la décision va mettre un terme aux nombreux manquements constatés dans la gestion du livre et du manuel didactique au Cameroun.

Reportage d'Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé pour VOA Afrique
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Jusqu’ici, un élève de 6e au Cameroun avait quatre ouvrages pour apprendre le français dans son cartable.

Les livres ne sont pas forcément utilisés par les élèves du même niveau d’études dans d’autres établissements scolaires.

De quoi donner le tournis aux enseignants, y compris à ceux du cycle primaire où le même principe était en vigueur .

"En tant qu’enseignant, nous rencontrons de nombreuses difficultés, la première étant le fait que, tous les élèves n’ont pas la possibilité d’acheter tous ces livres", reconnaît Lucien, enseignant dans une école primaire privée à Yaoundé.

Le problème vient de la corruption des chefs d’établissement par les éditeurs.

Corruption sur le livre scolaire

Marie Catherine Minkale, directrice du groupe scolaire bilingue Les Angelos à Yaoundé, le 15 décembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Marie Catherine Minkale, directrice du groupe scolaire bilingue Les Angelos à Yaoundé, le 15 décembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Les éditeurs venaient nous proposer les pots-de-vin de 10.000 ou 15.000 francs CFA en nous présentant des spécimens de livres inscrits au programme, dans l’optique de nous pousser à les choisir pour notre établissement", confie à VOA Afrique, Marie Catherine Minkale, directrice du groupe scolaire bilingue Les Angelos à Yaoundé.

Le plus inquiétant, ajoute-t-elle, est que "sous l’effet de la corruption, ces éditeurs ne voulaient même pas qu’on respecte l’instruction ministérielle qui stipulait qu’un livre soit inscrit au programme pendant au moins 3 ans".

Si un chef d’établissement se laissait acheter, "les livres au programme scolaire changeaient chaque année", révèle la directrice de l’école.

Sortir l'édition du manuel scolaire de l'incurie

Désormais, le livre retenu au programme sera utilisé pendant six ans au moins, sur l’ensemble du territoire national.

Vincent de Paul Lele, de l'Édition Clé à Yaoundé, le 15 décembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Vincent de Paul Lele, de l'Édition Clé à Yaoundé, le 15 décembre 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Telle que ça fonctionnait avant, tout le monde était éditeur. Les inspecteurs pédagogiques, les enseignants auteurs d’ouvrages, les imprimeurs, bref toute personne qui pouvait par l’entregent d’un membre de la commission nationale du livre, être pistonnée", regrette Vincent de Paul Lele, responsable littérature et édition chez Éditions Clé.

On devrait voir émerger les vrais éditeurs, qui gagneront honnêtement leur argent, espère M. Lele.

Les écoles devraient assister à une baisse du coût du livre scolaire au Cameroun, en raison de ce que les éditeurs se verront désormais octroyés un marché à l'échelle nationale par matière.

Gratuité des livres scolaires dans les écoles publiques

La gratuité des livres et manuels didactiques pour les écoles primaires publiques dans les zones d’éducation prioritaire a été également inclue dans la nouvelle politique nationale du livre et du manuel scolaire.

Le professeur Marcellin Vounda Etoa, écrivain et enseignant à l’université de Yaoundé 1, souligne que "même si cette gratuité ne va pas s’appliquer à 100%, elle laisse présager le souci du gouvernement d’offrir les chances d’éducation à tous les enfants camerounais".

Désormais, le Premier ministre du Cameroun coiffe "la commission nationale de suivi et d'évaluation de la politique nationale du livre, manuel scolaire et matériel didactique".

Des innovations majeures qui ne laissent non plus indifférents les élèves du Cameroun, heureux d’être à l’avenir moins encombrés par des livres jamais utilisés.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

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