Cette somme de 358 millions de dollars (320 MEUR) promise par les donateurs internationaux est très loin des 2 milliards de dollars jugés nécessaires pour couvrir les besoins de financement de l'Ouganda pour l'année à venir.
Les organisateurs du sommet estimaient même que 8 milliards de dollars seraient nécessaires pour les quatre prochaines années pour faire face à cette arrivée massive de réfugiés sud-soudanais, qui fuient leur pays en guerre civile depuis trois ans et demi.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui avait à l'ouverture du sommet appelé la communauté internationale à faire preuve de "solidarité" avec l'Ouganda, a cependant qualifié de "bon point de départ" ce chiffre.
"Vous n'avez jamais lors d'une conférence de promesses de dons le montant total que vous réclamiez", a déclaré lors d'une conférence de presse M. Guterres, qui avait visité jeudi le camp de réfugiés d'Imvepi dans le nord de l'Ouganda.
"Commencer avec un chiffre de 358 millions de dollars plus l'engagement de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (...) pour différents projets, je pense que c'est un très bon départ, mais nous ne pouvons pas nous arrêter là", a-t-il ajouté.
Son optimisme était cependant loin d'être partagé par de nombreuses ONG. "Le résultat est décevant, inquiétant et préoccupant étant donné la situation", a déclaré à l'AFP Yuna Cho, la responsable communication de Médecins sans frontières (MSF) en Ouganda.
"Même si le nombre de personnes qui traversent actuellement la frontière baisse, ça ne signifie pas que le problème est proche d'être résolu", a-t-elle ajouté.
Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 947.000 Sud-Soudanais sont abrités en Ouganda, qui accueille sur son sol un total de 1,2 million de réfugiés.
- L'UE donne l'exemple -
Deux ans et demi après son indépendance en juillet 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3,7 millions de déplacés.
De graves affrontements en juillet 2016 à Juba avaient signifié l'échec d'un accord de paix signé en août 2015. Ces violences ont précipité un départ en masse des Sud-Soudanais. Depuis cette date, 743.000 sont arrivés en Ouganda, soit une moyenne de 2.000 par jour.
L'ONU estime que 500.000 Sud-Soudanais supplémentaires arriveront cette année en Ouganda.
L'essentiel de l'argent débloqué l'a été par l'Union européenne. L'UE avait promis dès jeudi 85 millions d'euros, auxquels le commissaire européen à l'Aide humanitaire, Christos Stylianides, a indiqué vendredi qu'il fallait ajouter près de 125 MEUR donnés par les Etats membres, soit un total de "presque 210 millions d'euros".
L'UE a ensuite précisé à l'AFP que sur les 85 MEUR évoqués, 38 MEUR avaient déjà été promis à l'Ouganda dans le cadre d'une aide régionale pour la crise sud-soudanaise annoncée récemment, ce qui limite donc à 47 MEUR le montant de l'aide nouvelle.
L'Allemagne est le principal donateur de cette conférence, avec 50 millions de dollars promis. Le Royaume-Uni s'est engagé sur 15 millions de dollars, le Japon sur 10 et les Émirats arabes unis sur 5.
La France s'est contentée d'une "promesse modeste comparée aux besoins", selon les termes de son ambassadeur. Les États-Unis n'ont eux fait aucune promesse supplémentaire lors de ce sommet, estimant avoir déjà beaucoup donné.
"Depuis octobre 2016, nous avons fourni presque 154 millions de dollars au titre de l'assistance humanitaire, dont 57,4 annoncés par le président Trump le 24 mai", a souligné l'ambassadrice américaine en Ouganda, Deborah Malac.
Enfin, sur l'insistance des délégués européens, une déclaration a été adoptée réitérant la nécessité d'une cessation des hostilités au Soudan du Sud et d'un retour des belligérants à la table de négociations.
Avec AFP