Emmanuel Bonne a commencé en fin de matinée une réunion avec le contre-amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Il doit rencontrer plus tard le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Le reste de son programme n'est pas connu.
Sa mission est "d'essayer d'ouvrir l'espace de discussion pour éviter une escalade non contrôlée, voire même un accident", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, alors que l'exacerbation des tensions entre Téhéran et Washington fait craindre un embrasement dans la région du Golfe.
Fragilisé depuis que Washington l'a dénoncé unilatéralement en mai 2018, l'accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015 est encore davantage menacé par les annonces de Téhéran, qui, en riposte au retrait américain, a signalé s'affranchir progressivement de certains de ses engagements.
Le retrait américain de l'accord prive la République islamique des bénéfices qu'elle escomptait du pacte --conclu avec l'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie-- et par lequel elle a accepté de brider son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions internationales la visant.
Téhéran exige des Etats encore parties à l'accord qu'ils prennent enfin les mesures qu'il réclame pour que soient garantis ses intérêts.
- "Dépassements légers" -
Conséquence de la politique de "réduction des engagements" de Téhéran, les réserves d'uranium enrichi iraniennes ont dépassé au début du mois la limite imposée par l'accord de Vienne (300 kg).
Plus significatif, l'Iran a annoncé lundi produire de l'uranium enrichi à au moins 4,5%, soit au-delà du maximum autorisé par l'accord (3,67%) et a menacé de prendre de nouvelles mesures dans "60 jours" si ses demandes ne sont toujours pas satisfaites.
A 4,5%, le taux d'enrichissement est encore loin des 90% qui permettraient d'envisager la production d'une bombe atomique.
Mais compte tenu des suspicions passées de la communauté internationale sur le programme nucléaire iranien, les dernières annonces de Téhéran suscitent l'inquiétude à l'étranger, même si l'Iran, qui a toujours démenti vouloir la bombe atomique, s'est engagé à ne jamais chercher à acquérir cette arme.
Dans un communiqué commun, Berlin, Londres, Paris et l'Union européenne ont relevé mardi la volonté iranienne de "rester dans le cadre" de l'accord de Vienne.
Mais les Européens ont appelé l'Iran à "agir en conséquence en revenant sur ces activités et en se conformant de nouveau pleinement et sans délai" aux termes de l'accord.
M. Le Drian a néanmoins qualifié de "dépassements légers" les manquements de l'Iran à ses engagements. "Ce ne sont pas des dépassements de rupture", a-t-il dit.
- "Pression maximale" -
"Nous accueillons favorablement [l'initiative française] parce que les Français sont parties à [l'accord] et nous considérons leurs efforts comme relevant de leur devoir pour le maintenir en vie", a déclaré à l'agence officielle Irna le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi.
"Nous sommes dans une phase très critique", commente-t-on à la présidence française. "Les Iraniens prennent des mesures qui sont en violation (de l'accord) mais qui sont très calibrées et par ailleurs (le président américain) Donald Trump est un dealmaker" (négociateur).
"Les Iraniens exagèrent, mais pas trop, et Trump met la pression maximale mais il exerce cette politique jusqu'au moment où il peut dealer", ajoute-t-on de même source.
M. Trump répète qu'il veut forcer l'Iran à négocier un "meilleur accord", ce que Téhéran rejette. "L'Iran fait beaucoup de mauvaises choses en ce moment, ils feraient mieux de faire très attention", a déclaré le président américain mardi.
En sortant de l'accord de Vienne, Washington a rétabli des sanctions punitives qui ont plongé l'Iran dans une violente récession et lui ont fait perdre un par un les acheteurs de son pétrole.
Pour pouvoir rester partie à l'accord, l'Iran exige de ses partenaires, et en premier lieu des Européens, qu'ils prennent des mesures efficaces pour l'aider à contourner l'embargo américain.
Avec AFP