L'an dernier, 47.565 personnes ont été placées en rétention administrative, soulignent dans leur rapport annuel les associations habilitées à intervenir en centre de rétention administrative (CRA). C'est un peu moins qu'en 2014, qui s'était soldé par 49.537 mesures.
Mais "ces cinq dernières années, la France s'est distinguée par un usage massif de l'enfermement des personnes étrangères en vue de leur éloignement", avec 230.000 enfermements sur cette période, souligne le rapport.
La rétention administrative permet de retenir un étranger faisant l'objet d'une décision d'éloignement, dans l'attente de son renvoi forcé.
L'an dernier la majorité des placements en rétention (27.947) s'est faite en métropole, et 19.618 dans les territoires français d'outre-mer, précisent ces organisations (Assfam, Forum-Réfugiés-Cosi, France Terre d'Asile, Cimade, Ordre de Malte), qui dénoncent "une privation de liberté banalisée, alors que trop souvent l'enfermement est inutile voire abusif et illégal".
Elles critiquent particulièrement "l'opération d'une ampleur sans précédent" menée au dernier trimestre 2015 depuis Calais, où "plus de 1.100 personnes ont été interpellées puis disséminées dans des centres de rétention", alors même qu'elles étaient "pour la plupart inexpulsables".
Soulignant que "95% des personnes concernées ont été remises en liberté après quelques jours de rétention", le rapport dénonce "un détournement de pouvoir de grande ampleur" car "il ne s'agissait pas d'éloigner du territoire mais bien du littoral calaisien".
Ces critiques rejoignent celles de la contrôleure des prisons Adeline Hazan qui avait pointé en décembre un "usage détourné de la procédure" à Calais, cause d'"atteintes graves aux droits fondamentaux". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait alors justifié un "dispositif temporaire" dans un contexte "de pression migratoire d'une ampleur inédite".
Dans leur rapport, les associations appellent à "la mise en oeuvre de véritables alternatives à la rétention", en rappelant que la privation de liberté "ne doit en aucun cas devenir banale".
Avec AFP