Le président Patrice Talon a atterri à l'aéroport cardinal Bernardin Gantin de Cotonou avec les 26 trésors royaux restitués par la France. Un moment chargé d'émotions et de joie.
Des trésors de guerre ayant appartenu aux rois d'Abomey sont revenus en terre natale près de 130 ans après avoir été déportés vers la France.
C'est dans la clameur qu’a été salué le cortège transportant les 26 œuvres, dont l'acte de restitution officiel a été signé mardi à Paris par les ministres de la Culture du Bénin, Jean Michel Abimbola et de la France, Roselyne Bachelot. La signature de l'acte de transfert de propriété a eu lieu en présence des présidents Emmanuel Macron et Patrice Talon.
A Cotonou, la classe politique, toute tendance confondue, applaudit le retour de ces œuvres, et salue "le leadership du président béninois".
L'ancien président Yayi Boni salue la démarche de son successeur et le félicite d'être allé jusqu'au bout d'une mission qui n'était pas gagnée d'avance. Une victoire qui selon lui "fera date dans l'histoire culturelle de l'Afrique et du monde".
Les gardiens de la tradition soulignent "qu'une fois rentrés, ces trésors royaux seront réactivés purifiés".
"Dès que nos divinités seront de retour, sur le plan spirituel, nous allons procéder premièrement à des purifications. Il y a forcément des travaux à faire sur ces objets. Ils sont arrivés dans ce pays pour nous apporter du bonheur. Il faut des purifications pour en tirer le plus grand bien spirituel pour tout le peuple béninois".
Pour les métaphysiciens Florent Hessou et Abdou Rahimi Amoussa, "ces trésors royaux vont bouleverser bien de choses au Bénin". Pour eux, ce ne sont pas pas que des objets culturels qui ont été restitués. "Ils ont une âme et une certaine divinité".
"Le retour de ces biens culturels est une revanche à prendre. Le fait même de réussir un tel exploit donne un plus au Bénin du point de vue cultuel, spirituel. Ces oeuvres sont d'abord ce que nous appelons des scaphandres agissant par un code opératoire appartenant uniquement à son commanditaire. Ce sont des œuvres ésotériques, occultes dont la finalité est orientée et pensée par le roi", expliquent-t-ils.
"Il faudra tenir le pari de prendre soin de ces œuvres pour espérer en recevoir d'autres", souligne Ousmane Aledhi, acteur culturel et l'un des premiers à militer pour le retour de ces trésors.
"Si nous accueillons ces 26 œuvres et que nous les logeons comme il le faut dans des cadres convenables, adaptés, avec les meilleurs spécialistes pour s'en occuper, nous pouvons envisager de passer à une autre étape de la même démarche. Pour l'instant, il s'agit pour nous d'être davantage crédible, d'être cohérent dans la démarche et de rester mobilisés sur ce front", conclut-il.
Les biens culturels restitués sont constitués de trônes et de statues qui ont appartenu aux rois d’Abomey. La plupart ont été déportés à la chute du roi Béhanzin, dernier souverain ayant lutté contre la pénétration coloniale, en 1892.