Les post-électorales ayant fait au moins deux morts dans le pays. Les rues de la capitale économique du Bénin avaient retrouvé leur animation habituelle.
"La nuit a été calme", confiait un proche de Boni Yayi, dans sa résidence du quartier de Cadjehoun, un quartier populaire de Cotonou. "Les soldats sont toujours en bas, mais ils savent que s'ils viennent pour l'arrêter, la population va le défendre", a ajouté cette source.
Tard dans la soirée de jeudi, le président de la Cour Constitutionnelle a annoncé les résultats définitifs des élections législatives de dimanche, auxquelles l'opposition n'avait pas été autorisée à prendre part, officiellement pour des raisons administratives.
Elles ont été marquées par un faible taux de participation, 27,1% selon Joseph Djogbenou, l'un des hommes forts de la présidence de Patrice Talon, contre 23% annoncés mercredi par la commission électorale dans ses résultats préliminaires.
Il a jugé que les "irrégularités" et les "perturbations" enregistrées pendant le vote n'étaient pas de nature à "compromettre la validité du scrutin".
Deux partis proches du pouvoir, le Bloc républicain et l'Union progressiste, se partageront les 83 sièges du Parlement.
Boni Yayi (2006-2016), ainsi qu'un autre ancien président, Nicéphore Solglo (1991-1996), avaient appelé les Béninois à boycotter ce scrutin qu'ils ont qualifié de "coup d'Etat électoral", puis ont lancé un ultimatum au président pour annuler le vote. "Talon marchera sur nos corps" avant d'entériner le nouveau Parlement, avait averti Boni Yayi.
Des centaines de personnes s'étaient rassemblées dans le centre de Cotonou, autour du domicile de Boni Yayi, dès mercredi après-midi, craignant que la police ne vienne arrêter l'ex-président.
Mercredi soir, deux personnes ont été tuées, une femme à Cotonou et un jeune homme de 19 ans à Kandi, dans le nord du pays, où la population a mis le feu à une importante usine de coton, secteur dans lequel Patrice Talon a fait fortune avant de se lancer en politique.
Jeudi, après deux jours de violences, l'armée et la police républicaine ont dispersé les manifestants en tirant à balles réelles sur la foule, faisant trois morts selon l'opposition.