Cet émissaire, Staffan de Mistura, a essuyé mercredi à Damas une fin de non-recevoir alors qu'il y était allé pour essayer de lever le blocage du régime syrien à la création de ce Comité, censé élaborer une nouvelle Constitution pour jeter les fondements d'une transition politique en Syrie, déchirée par la guerre depuis 2011.
Selon le plan de l'ONU, ce Comité doit comprendre 150 personnes, dont 50 choisies par le régime, 50 par l'opposition et 50 par Staffan de Mistura afin d'intégrer dans les discussions des experts et la société civile syrienne.
Damas refuse que l'ONU détermine la composition de cette troisième liste.
Mercredi, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, cité par l'agence syrienne Sana, a clairement signifié à Staffan de Mistura que "la Constitution, et tout ce qui s'y rapporte, était une question de souveraineté (...) sans aucune ingérence étrangère" possible.
Pour Damas, l'ONU doit être "un facilitateur" dans les discussions sans être un "décideur", explique à l'AFP une source diplomatique syrienne. La Syrie "veut bien d'un rôle de l'ONU dans le processus politique" mais elle ne doit pas imposer ses vues, ajoute cette source sous couvert d'anonymat.
Staffan de Mistura devrait participer via une liaison vidéo à la réunion du Conseil de sécurité, demandée par les Etats-Unis, selon des diplomates.
La semaine dernière, l'émissaire de 71 ans était venu devant le Conseil à New York pour annoncer qu'il quitterait ses fonctions à la fin du mois de novembre et qu'il essayerait de vaincre les réticences syriennes à voir créer un Comité constitutionnel sous les auspices de l'ONU.
La formation du Comité avait été décidée en janvier lors d'une réunion internationale organisée à Sotchi par la Russie et à laquelle avait participé le régime syrien. Depuis, les discussions ont traîné en longueur et Damas, soutenu par l'armée russe, a repris le contrôle militaire de plusieurs régions en Syrie.
La réunion du Conseil de sécurité, qui devrait à nouveau se traduire par des divergences de point de vue entre les Occidentaux et la Russie, se tiendra à la veille d'un sommet sur la Syrie à Istanbul réunissant les dirigeants de la Turquie, de la Russie, de la France et de l'Allemagne.
Dans cette optique, les présidents français Emmanuel Macron et américain Donald Trump se sont parlés jeudi soir au téléphone pour coordonner leur position, selon la présidence française.
Le conflit syrien a fait plus de 360.000 morts, se complexifiant au fil des ans avec l'implication de groupes djihadistes et de puissances étrangères.
Le processus de négociations parrainé par l'ONU a été largement éclipsé par les diplomaties parallèles menées par Moscou et Téhéran, les alliés de Damas, avec la Turquie, parrain des rebelles.
Avec AFP