La rixe, qui a fait cinq blessés légers et a nécessité l'intervention d'une centaine de policiers et de gendarmes, a eu un retentissement national sur fond de tensions liées au burkini, une tenue interdite par plusieurs municipalités françaises qui ont reçu le soutien du Premier ministre Manuel Valls.
Le parquet de Bastia, dans le nord de la Corse, île française en Méditerranée, a annoncé que cinq hommes avaient été placés en garde à vue mercredi, dont deux habitants du petit village de Sisco et trois frères "d'origine maghrébine" résidant près de Bastia.
Les deux villageois, remis en liberté dans la soirée, seront jugés pour "violences en réunion" et les trois frères, maintenus en garde à vue, seront jugés pour "violences avec armes", a déclaré à la presse le procureur de Bastia, Nicolas Bessone.
La rixe a opposé le 13 août une famille "d'origine maghrébine" venue de Bastia et des habitants de Sisco sur une petite plage proche du village, a-t-il dit.
"A l'évidence, à l'origine des incidents se trouvent des membres de la famille maghrébine" qui ont voulu "s'approprier la plage et la privatiser", a déclaré le procureur.
Ces hommes ont multiplié les provocations, "jets de pierres à proximité d'autres personnes pour les intimider", "insultes", "menaces", selon le procureur. Une "altercation" s'est alors produite entre "un des jeunes du village et des membres masculins de cette famille". "A partir de là, les versions sont diamétralement opposées", a déclaré le magistrat.
Après la rixe, des témoins ont déclaré que le différend avait éclaté parce que des touristes avaient pris des photos de femmes musulmanes se baignant habillées dans la crique. Le procureur n'a pas évoqué cet aspect mercredi.
Le maire de Sisco, le socialiste Ange-Pierre Vivoni, a pris lundi un arrêté interdisant le burkini sur les plages de sa commune.
Cette tenue portée par certaines femmes musulmanes pour la baignade couvre la tête et la totalité du corps. Ses détracteurs estiment qu'elle est le signe d'une revendication communautaire d'un islam politique.
Une demi-douzaine d'autres mairies de localités côtières françaises ont elles aussi interdit le burkini ou ont annoncé avoir être sur le point de le faire.
Dans un entretien au quotidien régional La Provence, le Premier ministre français a apporté son soutien à ces initiatives.
"Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d'éviter des troubles à l'ordre public", a déclaré M. Valls. "Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses".
Avec AFP