"En arrivant à cette porcherie, on voit les logos et les drapeaux de l'UE tout comme des panneaux annonçant que l'UE subventionne le fonctionnement et la modernisation de cette ferme", explique l'auteur de l'initiative Miroslav Broz, interrogé mardi par l'AFP.
"Le fait que l'argent des contribuables européens va à Lety est en contradiction avec les valeurs sur lesquelles l'UE a été bâtie", insiste M. Broz, coordinateur de l'ONG Konexe, membre du Mouvement antiraciste européen (Egam).
Selon Jan Michal, chef de la représentation de la Commission européenne à Prague, la répartition des dotations européennes est du ressort des Etats membres.
"La Commission européenne gère la politique agricole commune mais les bénéficiaires des subventions sont choisis par les pays membres", a-t-il déclaré, en réaction à l'appel de Konexe.
"Idéalistes, nous espérons que Bruxelles modifiera ce système de financement pour qu'une ferme bâtie sur le lieu d'un génocide ne puisse pas bénéficier des subventions", indique M. Broz, selon qui Konexe a déjà saisi l'UE à ce sujet en 2014.
Environ 1.300 hommes, femmes et enfants rom de la Bohême, alors sous domination nazie, sont passés entre août 1942 et mai 1943 par le camp de Lety, situé à 75 km de Prague.
Pour la plupart d'entre eux, il a été la dernière étape avant les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Près de 330 Roms, dont au moins 241 enfants, sont morts à Lety, notamment du typhus.
Au début des années 1970, sous le régime communiste, une porcherie industrielle a été bâtie à cet endroit. Depuis la disparition du régime en 1989, les Roms continuent à réclamer en vain le déplacement de la porcherie, aujourd'hui privatisée.
Son propriétaire ne s'oppose pas au déplacement, à condition que l'Etat lui offre en compensation un nouvel établissement. La décision est cependant systématiquement ajournée par les gouvernements tchèques successifs qui invoquent des problèmes financiers.