Rosine Ossouka Raponda, 56 ans, est devenue la première femme désignée pour diriger le gouvernement gabonais. Elle remplace Julien Nkogue Bekale.
Militante du Parti démocratique gabonais (PDG - pouvoir), elle est aussi la première femme à avoir été élue maire de la capitale en en 2014. Un exploit inédit depuis 1956, avant les indépendances.
Elle aura pour mission, entre autres, "d'assurer la relance économique et l'accompagnement social nécessaires en raison de la crise mondiale liée à la covid-19", selon un communiqué du cabinet de la présidence diffusé sur les réseaux sociaux.
Réputée être une femme de caractère, travailleuse et compétente, l'ancienne mairesse de Libreville n'aura passé que 7 mois à la tête du ministère de la défense.
Mme Raponda avait fait son entrée au gouvernement pour la première fois en 2012 comme ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique.
A l'hôtel de ville, elle avait mené d'importantes réformes et assaini les finances de la mairie. Au terme de son mandat de 5 ans, elle a laissé un excédent budgétaire de 27 milliards de francs CFA. Une première dans un pays où des allégations de détournements sont légion.
Pour les analystes politiques, sa nomination à la tête du gouvernement est la preuve de la matérialisation de la volonté du chef de l'état de faire la décennie 2015 - 2025 celle des femmes.
Affronter les crises économique et sanitaire
La nomination de l'ancienne ministre de la défense à la primature intervient en pleine crise sanitaire de la maladie Covid-19 associée à la crise économique, que son gouvernement aura pour lourde tâche de combattre.
Mme Ossouka Raponda, "économiste de formation, est diplômée de l'Institut gabonais de l'économie et des finances avec une spécialisation en finances publiques". Elle pourrait se servir de son expérience d'économiste et de son passage à différents postes de responsabilités, pour relever le défi.
Cette technocrate est nommée huit mois après le lancement par le pouvoir gabonais d'une vaste opération anti-corruption baptisée Scorpion. Celle-ci a abouti à l'incarcération du franco-gabonais Brice Laccruche Alihanga, qui était considéré, depuis l'accident cardiovasculaire de M. Bongo en octobre 2018, comme l'homme fort du pays. Une vingtaine des proches de l'ex-directeur de cabinet du président gabonais a été écrouée, dont quatre anciens ministres.
Ce remaniement intervient alors que l'opposition et des personnalités de la société civile s'interrogent à nouveau publiquement sur l'état de santé de M. Bongo, élu à la tête du Gabon il y a près de 11 ans en succédant à son père, Omar Bongo Ondimba.
Lundi, le chef de l'Etat, après quelques semaines d'absence dans les médias, est réapparu sur des photos et des vidéos diffusées lundi par les médias officiels ou proches du pouvoir, présidant une réunion des chefs des différents corps de l'armée et de la police.
Une apparition qui, loin de persuader la toile gabonaise, n'a fait que raviver des rumeurs selon lesquelles il ne serait plus capable de diriger ce pays d'environ 2 millions d'habitants.
Il y a 10 jours son rival à la présidentielle de 2016, l'ancien ministre des affaires étrangères Jean Ping, avait publiquement déclaré que M. Bongo était dans "l'incapacité manifeste" de s'acquitter de ses fonctions.