Alors âgée de 15 ans, Shamima Begum avait quitté en 2015 avec deux amies le Royaume-Uni, où elle est née et a grandi, pour la Syrie. Sur place, elle a épousé un jihadiste de l'organisation Etat Islamique d'origine néerlandaise, de huit ans son aîné.
Détenue par une milice kurde dans le camp de Roj, dans le nord de la Syrie, elle veut revenir dans son pays pour demander à récupérer sa nationalité britannique. Elle en avait été déchue en 2019 pour des raisons de sécurité nationale, un cas devenu emblématique de la situation des "revenants". Mais en février, la Cour suprême britannique a refusé son retour.
Les avocats de la jeune femme, âgée aujourd'hui de 21 ans, ont déclaré le 18 juin dernier à un tribunal spécialisé, la Commission spéciale des recours en matière d'immigration (SIAC), que le ministère de l'Intérieur avait l'obligation légale de déterminer si elle avait été victime de trafic d'être humains.
"L'unité antiterroriste avait des soupçons de coercition et de contrôle" à l'époque où Mme Begum a quitté le Royaume-Uni, a déclaré son avocate, Samantha Knights.
Les avocats de Mme Begum ont souligné que le ministère de l'Intérieur n'avait pas examiné si elle était "une enfant qui a été victime de la traite et qui est restée en Syrie à des fins d'exploitation sexuelle et de mariage forcé".
La défense du ministère a relevé que, dans ses interviews, Shamima Begum n'avait jamais déclaré avoir "été victime de traite".
Mme Begum souhaite également contester la déchéance de sa citoyenneté britannique au motif qu'elle l'a rendue "apatride de facto" et que la décision était inéquitable sur le plan procédural.
Son avocate, Samantha Knights a qualifié de "catastrophiques" ses conditions de détention dans le camp de Roj et demandé à la SIAC d'examiner de nouveaux motifs d'appel de sa déchéance de nationalité.
En avril, l'ONG de défense des droits Reprieve avait estimé que près des deux tiers des femmes et enfants britanniques détenus dans des camps dans le Nord-Est de la Syrie étaient des victimes de la traite d'êtres humains, et avait dénoncé leur "abandon" par Londres. L'ONG estimait qu'il restait 25 adultes et 34 enfants britanniques dans la région.