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L'opposant russe Navalny condamné à 15 jours de détention après les manifestations


Alexei Navalny détenu par la police au centre-ville de Moscou, en Russie, le 26 mars 2017 (photo fournie par Evgeny Feldman).
Alexei Navalny détenu par la police au centre-ville de Moscou, en Russie, le 26 mars 2017 (photo fournie par Evgeny Feldman).

L'opposant russe numéro un Alexeï Navalny a été condamné lundi à 15 jours de détention au lendemain de vastes manifestations contre la corruption dans tout le pays, que le Kremlin a dénoncé comme étant une "provocation".

Plus d'un millier de personnes ont été arrêtées dimanche à Moscou lors de ces rassemblements pour la plupart interdites par les autorités, qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes à travers le pays.

Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny en compagnie de son avocate Olga Mikhailova devant un tribunal à Moscou, en Russie, le 27 mars 2017.
Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny en compagnie de son avocate Olga Mikhailova devant un tribunal à Moscou, en Russie, le 27 mars 2017.


M. Navalny, à l'origine du mouvement de protestation, a écopé d'une amende de 20.000 roubles (environ 325 euros) pour avoir organisé une manifestation non autorisée et à 15 jours de détention pour refus d'obtempérer aux policiers lors de son arrestation, selon la décision du tribunal Tverskoï de Moscou.

Arrêté dès le début de la manifestation, l'opposant et blogueur anticorruption, qui compte défier Vladimir Poutine lors de l'élection présidentielle de début 2018, a passé une première nuit en détention.

"Viendra le moment où ce sera nous qui les jugerons (honnêtement cette fois-ci)", avait-il écrit à l'ouverture de son procès sur Twitter, en référence aux autorités russes.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a pour sa part dénoncé le mouvement de protestation comme "une provocation et un mensonge", mettant en avant l'interdiction par les autorités de la plupart des manifestations.

Pour autant, "le Kremlin analyse avec sobriété l'ampleur des manifestations d'hier et n'est enclin ni à les sous-estimer, ni à les surestimer", a assuré M. Peskov.

- Mineurs et étudiants -

Comme M. Navalny, au moins 1.030 personnes ont été arrêtées à Moscou, où des milliers de manifestants ont défié l'interdiction des autorités, selon l'organisation OVD-Info, spécialisée dans la surveillance des manifestations, qui fait également état de dizaines d'arrestations en province.

La très grande majorité a été libérée dans la nuit de dimanche à lundi après s'être vue signifier une "infraction administrative" pour participation à une manifestation non autorisée. Au moins 120 personnes restaient toujours détenues par la police lundi matin, selon la même source.

Le mouvement de contestation a été marqué par deux faits nouveaux : les manifestations étaient nombreuses dans des villes de province d'habitude plutôt calmes et l'âge moyen des participants a considérablement rajeuni, les opposants "historiques" au Kremlin étant rejoints par des lycéens nés au début du siècle et qui n'ont connu que Vladimir Poutine comme président.

"Il y avait véritablement beaucoup de mineurs et d'étudiants. Dans chaque commissariat, il y avait au moins deux ou trois adolescents. Ce n'était pas le cas auparavant", a confirmé à l'AFP un porte-parole d'OVD-Info.

Selon l'organisation, des enquêtes pour "manquement à leurs obligations parentales en matière d'éducation" ont été ouvertes contre les parents de mineurs ayant défilé dans certaines régions russes.

Le Kremlin a également accusé les organisateurs d'avoir promis des "récompenses financières" aux mineurs s'ils se faisaient arrêter par la police, en refusant toutefois d'avancer dans l'immédiat des preuves de ses accusations.

Selon le ministère de l'Intérieur, un policier a été hospitalisé après avoir été blessé à la tête par un manifestant et une enquête ouverte.

- Premier ministre ciblé -

L'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé à libérer les manifestants arrêtés, exhortant les autorités russes à respecter les droits et valeurs démocratiques fondamentales.

Alexeï Navalny avait appelé à ces rassemblements après avoir publié un rapport accusant le Premier ministre Dmitri Medvedev de se trouver à la tête d'un empire immobilier financé par les oligarques.

Cette enquête sous forme de film, vu plus de 12,5 millions de fois sur YouTube, n'a suscité aucune réaction des autorités, comme les autres publiées par l'organisation de M. Navalny.

"Les gens n'ont pas reçu les réponses qu'ils exigeaient à propos de la corruption, et c'est pour cela qu'ils continueront à sortir dans la rue", a déclaré M. Navalny depuis le tribunal.

Pendant la manifestation, son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), a annoncé être visée par des perquisitions. Treize employés restaient détenus lundi, tandis que tous les ordinateurs de l'organisation ont été saisis par la police, selon M. Navalny.

L'opposant avait obtenu en octobre 2013 le score inattendu de 27,2% à l'élection municipale à Moscou mais sa candidature à la prochaine présidentielle risque de se voir entraver par sa récente condamnation à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds.

Avec AFP

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