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Réactions des élites tchadiennes après l'annonce de Pierre Nkurunziza


Le président burundais Pierre Nkurunziza et son épouse Denise Nkurunziza à la commémoration du 56e anniversaire de la mort du prince Louis Rwagasore, héros de l'indépendance burundaise, à Bujumbura, le 13 octobre 2017.
Le président burundais Pierre Nkurunziza et son épouse Denise Nkurunziza à la commémoration du 56e anniversaire de la mort du prince Louis Rwagasore, héros de l'indépendance burundaise, à Bujumbura, le 13 octobre 2017.

Le président burundais Pierre Nkurunziza a annoncé qu’il ne se représentera pas à l'élection présidentielle de 2020. C’était lors de la promulgation de la nouvelle Constitution adoptée le 17 mai dernier, et qui lui donne la possibilité de diriger le pays jusqu’en 2034.

Le revirement de cet homme d’Etat au pouvoir depuis 2005 alimente les débats à N’Djamena, capitale du Tchad.

Le président Pierre Nkurunziza est tout aussi répressif envers les leaders de l’opposition et de la société civile que son homologue tchadien, Idriss Déby Itno, estiment nombre de Tchadiens. Ces derniers font aussi remarquer que les deux hommes d’Etat dirigent leurs pays d’une main de fer et ont, tous les deux, modifié la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

Reportage d'André Komadjingar, correspondant à N'Djamena pour VOA Afrique
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"M. Nkurunziza s’est-il rendu compte avec retard de la capacité de nuisance des organisations des droits de l’Homme dans le monde pour prendre une telle décision?", s’interroge Dobian Assingar, représentant de la Fidh auprès de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Dobian Assingar, représentant de la Fidh auprès de la Cemac à N'Djamena, le 4 juin 2018. (VOA/André Komadjingar).
Dobian Assingar, représentant de la Fidh auprès de la Cemac à N'Djamena, le 4 juin 2018. (VOA/André Komadjingar).

"A-t-il vraiment jeté l’éponge parce qu’il s’est rendu compte de son échec politique? La pression de la communauté internationale l’a-t-elle beaucoup étouffé, si bien qu’il ne peut plus respirer? Est-il dégoûté par un pouvoir qui ne lui donne que des soucis? Veut-il laisser le pouvoir à un dauphin qui lui garantirait l’impunité parce qu’il a fait trop de mal?", se demande M. Assingar.

"Je ne suis pas sûr qu’il puisse quitter le pouvoir comme ça, sans avoir de garantie après lui. Ou alors il fait de la simple diversion pour revenir plus tard dire que c’est le peuple qui lui demande de revenir, et ça sera du vu et de l’entendu", ajoute le représentant de la Fidh auprès de la Cemac.

Pour le docteur Evariste Ngarlem Toldé, politologue et enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena, le président burundais veut mettre en application les chartes de la démocratie de l’Union africaine et de la Francophonie, notamment la Déclaration de Bamako.

>> Lire aussi : Pierre Nkurunziza annonce qu'il ne se représentera pas en 2020

Evariste Ngarlem Toldé, politologue et enseignant chercheur à l'université de N'Djamena, le 11 juillet 2017. (VOA/André Komadjingar).
Evariste Ngarlem Toldé, politologue et enseignant chercheur à l'université de N'Djamena, le 11 juillet 2017. (VOA/André Komadjingar).

Pour le politologue tchadien, "dès l’instant où un chef de l’Etat modifie la Constitution, il ne faudrait pas qu’il l’applique à lui-même. C’est à ce prix seulement qu’on comprendra la bonne volonté du président en exercice".
Si Pierre Nkurunziza tient parole, sa décision donnera une leçon aux dictateurs de l’Afrique centrale qui ont aussi modifié la Constitution de leur pays et qui attendent de se représenter, estime Dobian Assingar.

Le représentant de la FIDH en Afrique centrale cite notamment le président tchadien Idriss Deby Itno.​

>> Lire aussi : La promesse de Nkurunziza de ne pas briguer un 3e mandat diversement perçue au Burundi

"Une Constitution est un texte de loi, c’est quelque chose d’impersonnel. Et en Afrique, les gens écrivent les constitutions en fonction de leurs intérêts, mais c’est absurde", a souligné Dobian Assingar.

Le représentant de la Fidh en Afrique centrale a émis le vœu "que cet exemple de Nkurunziza serve d’exemple également aux chefs d’Etats d’Afrique Centrale. "

"Il y a une vie après la présidence", rappelle M. Assingar, qui dit ne pas comprendre" pourquoi les gens s’accrochent à cette drogue-là et qui finit par les emporter."

Le docteur Sitack Yombatina Beni, juriste et enseignant chercheur à l’Ecole nationale d’administration du Tchad, abonde dans le même sens. Il pense que si le président Nkurunzia" veut vraiment partir, cela donnera des leçons même aux dictateurs irréductibles."

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