Les rebelles du M23 se sont engagés cette semaine à se retirer d'une position stratégique dans l'est de la République démocratique du Congo alors qu'ils poursuivent leur offensive dans d'autres secteurs de la région, faisant planer l'incertitude sur la suite d'un conflit en cours depuis plus d'un an.
Rumangabo abrite notamment une importante base militaire congolaise, conquise début novembre par le M23. Envisagée pour jeudi, cette cérémonie aura plus vraisemblablement lieu vendredi, a indiqué le major Wanyoni Nyakundi, porte-parole de la force de l'EAC.
Cette force, composée notamment de militaires kényans et basée à Goma, est en cours de déploiement dans l'est de la RDC où elle est chargée de contribuer au rétablissement de la paix.
Aux termes d'un accord conclu le 23 novembre à Luanda, elle est notamment chargée de s'assurer du désengagement des rebelles du M23 des zones qu'ils ont conquises ces derniers mois dans le Nord-Kivu.
Ce retrait est censé avoir été amorcé il y a une dizaine de jours à Kibumba, localité qui marque depuis environ deux mois la ligne de front la plus proche de Goma. Le M23 affirme s'être effectivement retiré, tandis que des sources locales assurent que des éléments rebelles sont encore présents à Kibumba.
"Le M23 reste déterminé à mettre en oeuvre les résolutions" de Luanda, il "s'est bel et bien retiré de Kibumba" et "remettra le camp militaire de Rumangabo" à la force de l'EAC à la date prévue, a indiqué le mouvement rebelle dans un communiqué daté du 4 janvier.
Masisi et frontière ougandaise
Dès après la cérémonie du 23 décembre, l'armée congolaise avait de son côté qualifié de "leurre" le retrait annoncé de Kibumba, affirmant que la rébellion renforçait ses positions vers l'ouest de Goma, vers le territoire de Masisi.
Des combats ont notamment eu lieu depuis la semaine dernière dans la région de Bwiza, entre le M23 d'une part, l'armée congolaise et divers groupes armés présents dans la région d'autre part.
"La localité de Bwiza est contrôlée par les rebelles du M23 pour le moment mais ils ne vont pas y rester longtemps, nous allons les déloger", a commenté Héritier Ndagendange, porte-parole d'un de ces groupes qui se qualifient de "résistants patriotiques" face à la progression rebelle.
Un porte-parole du M23, Willy Ngoma, a quant à lui accusé l'armée congolaise et ses alliés d'être responsables de ces combats. "Ce sont eux qui nous attaquent", a-t-il affirmé, ajoutant que le M23 devait riposter et protéger les communautés tutsi congolaises menacées.
Des combats sont également en cours au nord-est de Goma, où plusieurs villages et une grosse agglomération, Nyamilima, viennent d'être conquis par le M23. Ces localités se situent en direction de la frontière ougandaise au sud du lac Edouard, vers le poste-frontière d'Ishasha.
Une autre localité stratégique à la frontière entre la RDC et l'Ouganda, Bunagana, est occupée depuis juin dernier par le M23. Rébellion majoritairement tutsi vaincue en 2013, le M23 ("Mouvement du 23 mars") a repris les armes fin 2021, en accusant Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.
Sa résurgence a ravivé les tensions historiques entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir le M23 et de combattre avec lui. Kigali dément, accusant de son côté l'armée congolaise de collusion avec une rébellion hutu rwandaise implantée dans l'est de la RDC depuis le génocide tutsi de 1994 au Rwanda.