Avec l'armée de la République démocratique du Congo (FARDC), la Mission de l'ONU dans le pays (Monusco) a organisé lundi un déplacement pour la presse depuis Goma jusqu'à Sake, à environ 30 km de la capitale provinciale du Nord-Kivu.
À l'arrivée des journalistes, sur une colline et dans un vallon du village de Kimoka, certains Casques bleus simulent le lancement d'obus de mortier, tandis que d'autres se couchent au sol, armes chargées, sous le regard curieux des passants. "C'est une position défensive pour contrer toute avancée du M23. S'ils arrivent et dépassent la ligne, nous avons l'équipement nécessaire pour les arrêter", déclare le major Éric Deshaies-Martin, chef de l'Information aux Opérations de la force de la Monusco.
Vendredi, le commandant de la force onusienne, le général Otavio Rodrigues de Miranda Filho, avait annoncé à Goma le lancement le jour-même avec les FARDC de l'opération conjointe "Springbok", destinée à "protéger la population" et empêcher les rebelles du M23 de prendre Goma. "Notre objectif principal est d'arrêter toute velléité du M23 d'envahir Sake ou Goma", avait-il déclaré, tout en soulignant que cette opération était "défensive".
Le M23 ("Mouvement du 23 mars"), soutenu par le Rwanda selon de nombreuses sources, avait brièvement occupé Goma fin 2012, avant d'être défait l'année suivante. Il a repris les armes il y a deux ans et s'est emparé depuis de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu.
Après six mois d'une relative accalmie, des affrontements violents ont repris début octobre entre les rebelles d'une part, les FARDC et des groupes armés se présentant comme "patriotes" d'autre part, provoquant de nouveaux déplacements massifs de population. Le M23, avait précisé le général brésilien, "progresse actuellement vers le sud" en direction de Sake, "cité qui se veut un rempart essentiel dans la défense de Goma".
"Prêts à nous battre"
L'opération est constituée de Casques bleus indiens, marocains, uruguayens et guatémaltèques, ont indiqué les officiers lors du déplacement à Sake, sans en révéler l'effectif. "L'ennemi est vers le nord et s'il arrive, nous serons prêts à nous battre", confirme le lieutenant colonel Kevin Byabato Rweyemamu, porte-parole militaire de la Monusco.
L'annonce du lancement de l'opération Springbok a surpris et a été accueillie avec scepticisme à Goma, dont les habitants demandent à l'armée congolaise de passer à l'offensive et de chasser le M23 du Nord-Kivu.
Le mouvement citoyen Lucha a d'ailleurs encore appelé lundi à un sit-in mercredi dans la ville pour réclamer le départ de la mission de l'ONU, présente en RDC depuis 1999, et de la force d'Afrique de l'Est (EAC) déployée depuis moins d'un an dans la région mais accusée elle aussi de cohabiter avec les rebelles plutôt que de les combattre.
La Lucha "estime que l'implication de la Monusco et de l'EAC entrave le développement du pays et qu'il est temps que l'armée congolaise prenne davantage de responsabilités pour assurer la sécurité du pays", a déclaré le mouvement dans un communiqué. Le gouvernement congolais souhaite lui aussi un départ "accéléré" de la Monusco et de ses 14.000 Casques bleus à partir de décembre prochain.
Interrogé lundi par l'AFP sur la raison pour laquelle l'opération Springbok débute maintenant alors que le M23 est à l'offensive depuis deux ans, le général Miranda Filho a répondu qu'il n'était "pas là l'année dernière". "Je suis arrivé au mois de mars et je peux vous assurer que je ne suis pas ici pour fuir les combats", a-t-il affirmé.
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