De 15 millions de FCFA en 2011 et 2016, le montant de la caution à payer pour tout candidat à l'élection présidentielle au Benin pourrait désormais passer à 250 millions de FCFA.
La proposition qui émane des députés de la majorité présidentielle a déjà reçu l'aval de la commission des lois. Il ne reste que le vote en plénière pour rendre cette réforme effective.
Pour le député Guy Mitokpè, membre de la commission des lois, cette réforme "est une véritable incongruité".
"On ne peut pas confier la tâche du président seulement aux riches", se plaint-il au micro de VOA Afrique.
En 2011, les députés avaient déjà voté une augmentation de la caution : 100 millions était la somme proposée mais Boni Yayi, au pouvoir à l'époque, avait réussi à négocier pour une baisse jusqu'à 15 millions de FCFA.
Aujourd'hui, 250 millions serait une somme colossale. Même pour certains partis politiques de la majorité présidentielle, c'est trop comme l’explique Loth Houenou, président du parti des valeurs républicaines.
"Cette loi va faire beaucoup de mécontents dans le pays", insiste-t-il.
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D'autres estiment que les députés ont appris à voter des lois par achat de conscience.
Le député Gérard Agebonci estime qu'il n'y a pas, au Parlement, des députés qui "votent sans tenir compte de l'intérêt supérieur de la nation".
Les jeunes seraient les plus gros perdants de ces réformes qui s'opèrent sur le plan politique. Le sociologue Raymond Noutaïs pense que cela s'explique par le fait que "la jeunesse béninoise se laisse acheter au plus offrant". Par conséquence, elle compte "pour du beurre dans toutes les réformes".
L'augmentation de la caution concerne aussi les élections législatives. Il est proposé que chaque liste de candidature paye désormais 200 millions de FCFA.
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L’idée serait de jeter un coup de balai dans le rang des partis politique qui, à la date du 30 mai 2017, étaient déjà au nombre de 106 régulièrement enregistrés au Bénin. C'est sans compter avec les dizaines autres naviguant dans l'illégalité.
Le vote de cette loi par le Parlement pourrait compromettre la bonne entente au sein de la classe politique déjà fragilisée par les nombreuses récriminations sur la gestion du pays.