"Le but c'est d'embrayer sur un processus politique. Il n'y aura pas de solution militaire en Libye", a déclaré Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse à la veille de la 74e Assemblée générale des Nations Unies.
"Ceux qui le pensent se trompent et risquent d'entraîner ce pays dans une dérive dramatique", a-t-il ajouté dans une référence apparente à l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé une offensive sur Tripoli en avril, et aux pays qui soutiennent militairement les différents acteurs du conflit libyen.
Les forces loyales au maréchal Haftar ont rejeté le 7 septembre un appel de l'ONU à reprendre des discussions, leur porte-parole estimant qu'une solution militaire était la plus à même de résoudre le conflit.
"Il faut arrêter cette spirale et cette réunion sera je l'espère le premier pas vers un processus qui aboutira à une conférence internationale", a poursuivi le ministre français des Affaires étrangères.
Jean-Yves Le Drian et son homologue italien Luigi Di Maio présideront cette réunion qui associera aussi les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Allemagne, les Emirats arabes unis, l'Egypte et la Turquie ainsi que des organisations régionales (Union européenne, Union africaine et Ligue arabe).
"Nous sommes totalement en phase avec l'Italie puisque c'est avec mon collègue italien que je vais présider cette réunion", a souligné le ministre français.
L'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, et rivale de la France sur un certain nombre de projets pétroliers dans ce pays, s'est agacée des initiatives prises par le président Emmanuel Macron en 2017 et 2018 pour tenter de résoudre la crise libyenne, et notamment du soutien apporté par Paris au maréchal Haftar.
"Le maréchal Haftar, ce n'est pas moi qui vais dire son rôle, ce sont les Libyens" dans le cadre du dialogue interlibyen qui sera organisé à l'issue de la conférence internationale, a également souligné M. Le Drian, interrogé sur ce point.
Certaines puissances sont accusées de mener une guerre par procuration en Libye, plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte.
Si les Emirats, l'Egypte et l'Arabie saoudite sont accusés de soutenir le maréchal Haftar, le Qatar et la Turquie appuient le GNA de Fayez al-Sarraj.
Selon l'ONU, depuis avril, les combats ont fait 1.093 morts et 5.752 blessés, et forcé 120.000 personnes à quitter leur foyer.
Avec AFP