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Sécheresse historique au Chili en pleine crise de coronavirus


Lagune d’Aculeo à Paine, Chili, 14 mai 2018. (Photo Reuters/Matias Delacroix)
Lagune d’Aculeo à Paine, Chili, 14 mai 2018. (Photo Reuters/Matias Delacroix)

Le centre du Chili est frappé de plein fouet par une sécheresse sans précédent qui assèche les rivières, vide les réservoirs des barrages et rend les habitants plus vulnérables face à l'épidémie de Covid-19.

"Aujourd'hui, il y a plus de 400.000 familles, soit près de 1,5 million de personnes, dont la consommation quotidienne de 50 litres d'eau est fournie par des camions-citernes", explique Rodrigo Mundaca, porte-parole du Mouvement pour la défense de l'accès à l'eau, la terre et pour la protection de l'environnement (Modatima).

Dans la région métropolitaine de Santiago et à Valparaiso, les précipitations de l'année 2019 ont été inférieures de 80% au plus bas historique, et de 90% dans la région de Coquimbo (nord). Des camions-citernes parcourent quotidiennement les routes et chemins de terre pour approvisionner les habitations où l'eau est conservée dans des bidons.

"Dans une situation de pandémie comme aujourd'hui, cela montre une fois de plus que lorsqu'il existe un modèle d'appropriation privée de l'eau (...), cela ne garantit pas le droit humain à l'eau et rend les communautés encore plus fragiles", dénonce Rodrigo Mundaca. La législation chilienne prévoit que l'eau est un bien public, mais la quasi-totalité des droits d'exploitation appartiennent à des privés.

Une situation dénoncée par les manifestants depuis le début de la crise sociale en octobre 2019 qui critiquent un système socio-économique où le secteur privé prévaut dans les domaines tels que la santé, l'éducation, les retraites et la gestion de l'eau.

-"L'eau s'achète, se vend, se loue"-

Une centaine d'habitants d'El Melon ont occupé récemment un des puits gérés par l'entreprise minière Anglo American, une des multinationales qui exploite le cuivre du Chili.

Les habitants, qui ont été délogés à plusieurs reprises par la police, réclament que l'eau de ce puits soit destinée à l'approvisionnement en eau potable de la zone et non à l'activité minière. De son côté, Anglo American assure chercher "des solutions permettant aux habitants de la zone d'avoir un accès permanent à l'eau potable".

Selon Rodrigo Mundaca, le code de l'eau élaboré en 1981, en pleine dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), "sépare la propriété de l'eau de celle de la terre. Il y a des propriétaires qui n'ont pas la propriété de l'eau et vice-versa, ce qui a donné naissance au marché (des droits) de l'eau", explique-t-il, affiramant que "l'eau s'achète, se vend, se loue".

Le directeur général des Eaux chiliennes, Oscar Cristi, assure que les droits de l'eau sont distribués à des gestionnaires privés, mais restent cependant aux mains de l'Etat qui a le pouvoir de réguler la quantité d'eau puisée. Mais cela n'est jamais arrivé, et, le cas échéant, l'Etat doit alors indemniser les détenteurs des droits de leurs pertes financières au prix du marché.

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