Une unité spéciale d'intervention est actuellement déployée dans les zones touchées du Plateau pour "restaurer une paix durable", a déclaré le chef de la police fédérale, Ibrahim Idris.
"Cette intervention vise à mettre un terme à cette crise", a-t-il expliqué dans un communiqué diffusé lundi. Deux hélicoptères de surveillance ainsi que des équipes de contre-terrorisme et de renseignement ont également été mobilisés, a-t-il ajouté.
L'Etat du Plateau, qui est historiquement le coeur des affrontements interreligieux au Nigeria, a imposé un couvre-feu nocturne dans les districts les plus touchés.
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Dimanche soir, des jeunes de l'ethnie Berom, une communauté d'agriculteurs, ont attaqué des automobilistes sur la route principale entre Jos, la capitale de l'Etat, et Abuja, la capitale du pays.
Un automobiliste qui a échappé aux violences a affirmé avoir vu six cadavres le long de la route, et que ces groupes criminels visaient tous ceux qui avaient "l'air Peuls ou musulmans", comme ceux qui sont accusés d'avoir mené des raids meurtriers ce weekend dans plusieurs villages.
Les violences, qui ont fait 86 morts selon la police, ont été apparemment déclenchées par des éleveurs de bétail peuls contre la communauté Berom, dans un cercle ininterrompu de vengeance.
Le bilan des victimes pourrait toutefois être bien plus important, sachant que les autorités nigérianes sont réputées pour minimiser les chiffres officiels.
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Une ONG chrétienne, basée à Jos, affirme avoir mené un recensement des victimes et enregistré 169 morts dans six villages.
Il est très difficile d'obtenir des informations fiables et non partisanes dans cette région.
Tout le monde s'accorde cependant pour dire que les tensions sont extrêmement vives, à quelques mois des prochaines élections nationales.
"Les pertes humaines sont dignes des temps de guerre désormais", a confié à l'AFP Ndi Kato, membre de la société civile qui défend les peuples originaires de la région.
Le président Muhammadu Buhari, Haoussa-Peul musulman, est fortement critiqué dans le pays pour avoir tardé à réagir à cette crise qui cristallise toutes les divisions dans cet immense pays de 180 millions d'habitants.
Le chef de l'Etat a déclaré que ces dernières attaques étaient "douloureuses et regrettables" et s'est engagé à traduire les responsables en justice.
"Il n'y a actuellement aucune volonté politique de juger les coupables", affirme Chris Ngwodo, un politologue basé à Jos. "C'est pour cela que les milices civiles ou les communautés ont décidé de faire justice elles-mêmes": une stratégie de vengeance qui a fait déjà des centaines de morts depuis le début de l'année.
Avec AFP