Le président a "mis fin aux fonctions de Monsieur Papa Amadou Sarr, délégué général à l'Entreprenariat rapide des femmes et des jeunes" (DER/FJ), a annoncé le gouvernement dans un communiqué publié mercredi soir.
Le gouvernement n'a fourni aucune explication. Mais le renvoi de Papa Amadou Sarr a été immédiatement relié par la presse aux propos qu'il a tenus mardi, lors de la journée internationale des femmes.
Ces déclarations devant un auditoire d'hommes et de femmes et devant des caméras ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Elles ont été interprétées comme des attaques contre les préceptes de l'islam, dans un pays musulman à 95% et très pratiquant.
Les marabouts, hommes considérés comme sages et saints, y jouent un rôle social important.
Papa Amadou Sarr, qui avait rang de ministre délégué, a dit ne pas comprendre qu'au "XXIe siècle au Sénégal on puisse sortir encore des inepties telles que: +non, ce n'est pas possible, non elle ne peut pas serrer la main du marabout, du vieux, et elle ne peut pas être dans la même salle+, et pourtant le soir, comme quelqu'un me dit, elle peut bien lui serrer beaucoup plus que la main".
Il a mentionné "d'autres incongruités" tout en se reconnaissant "provocateur": le fait de ne pouvoir travailler, de ne pas percevoir le même salaire que les hommes à diplômes et expérience équivalents, l'inégalité au moment de la succession, ou encore l'interdiction de fréquenter les lieux de culte pendant les règles alors que "c'est la même femme +impropre+ qui vous fait à manger, qui vous sert à manger et qui partage votre lit le soir".
La société sénégalaise, réputée tolérante, est sensible aux attaques contre les traditions et la religion. Un imam a suscité l'émoi il y a deux semaines en déclarant que les catholiques étaient "condamnés de la même manière" que les francs-maçons et les juifs dans l'islam. Le président sénégalais a condamné ces propos.
La DER/FJ vise à l'inclusion des femmes et des jeunes dans l'économie. Elle finance et soutient des projets de création d'entreprise.