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Un juge sénégalais annule la radiation de l'opposant Sonko des listes électorales


FILE - Senegalese opposition leader Ousmane Sonko addresses journalists in Dakar, Senegal, on March 8, 2021.
FILE - Senegalese opposition leader Ousmane Sonko addresses journalists in Dakar, Senegal, on March 8, 2021.

La saga politico-judiciaire autour de l'opposant sénégalais emprisonné, Ousmane Sonko, a connu un nouveau rebondissement avec la décision d'un juge provincial paraissant le remettre dans la course à la présidentielle.

Un magistrat d'un tribunal d'instance de Ziguinchor (sud) a ordonné jeudi soir que M. Sonko, personnage central avec l'Etat d'une chronique mouvementée et violente qui tient le Sénégal en haleine depuis deux ans et demi, soit rétabli sur les listes électorales dont il a été radié.

Ce rétablissement permettrait a priori à M. Sonko, écroué depuis fin juillet après des mois d'épreuve de force avec le gouvernement et la justice, de concourir à la présidentielle de février 2024, dont il serait l'un des principaux candidats.

"La candidature d'Ousmane Sonko est une exigence sociale, c'est une exigence du peuple sénégalais (...) juridiquement Ousmane Sonko doit être candidat", a exulté l'un de ses conseils, Me Cédor Clédor Ly, en pleine nuit après une audience marathon émaillée de péripéties, comme une coupure d'électricité qui a contraint le juge à travailler à la lampe torche au moment du délibéré. Mais ce succès rare pour M. Sonko après une série de déconvenues est loin de garantir sa candidature. Les avocats de l'Etat ont annoncé un pourvoi devant la Cour suprême.

"Pour l'instant, Ousmane Sonko ne peut être réintégré dans les listes électorales", a dit dans un communiqué publié sur les sites d'information le représentant de l'Etat à l'audience. L'Etat a tenté de faire récuser le juge Sabassy Faye. Ce dernier est le frère de l'un des adjoints de M. Sonko dans ses fonctions de maire de Ziguinchor, ont tenté de faire valoir les avocats de l'Etat.

Troisième de la présidentielle en 2019, M. Sonko, 49 ans, livre un bras de fer acharné au pouvoir depuis 2021 et sa mise en cause dans une affaire de moeurs. Lui et ses avocats n'ont cessé de dénoncer un complot pour l'éliminer politiquement.

Son discours souverainiste et panafricaniste, ses diatribes contre "la mafia d'Etat", les multinationales et l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française lui valent une forte adhésion chez les moins de 20 ans qui représentent la moitié de la population. Ses détracteurs voient en lui un agitateur incendiaire.

"Courage énorme"

La confrontation a donné lieu à plusieurs épisodes de contestation qui ont fait des dizaines de morts alors que le Sénégal, sans être étranger à la violence politique, est réputé comme un îlot de stabilité dans une région troublée. Après une condamnation pour diffamation contre un ministre, M. Sonko a été déclaré coupable le 1er juin de débauche de mineure et condamné à deux ans de prison ferme. Ayant refusé de se présenter au procès, il a été condamné par contumace.

Il a été écroué fin juillet sous d'autres chefs d'inculpation, dont appel à l'insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et atteinte à la sûreté de l'Etat. Les autorités ont annoncé la dissolution de son parti le même jour.

Sonko dans un état très critique d’après des proches
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Même si le langage a varié, le gouvernement a essentiellement argué de la condamnation de M. Sonko par contumace pour justifier sa radiation. Un responsable au ministère de l'Intérieur a confirmé en août à l'AFP qu'il avait été radié, ce qui l'empêche de se présenter à la présidentielle.

Ses avocats avaient saisi le tribunal à Ziguinchor parce que c'est là que Sonko était inscrit. Me Clédor Ly a estimé que le juge de Ziguinchor avait "fait montre d’un courage énorme". "Ousmane Sonko ne connaît pas le juge, le juge ne le connaît pas", a-t-il dit en réponse à la demande de récusation de l'Etat.

La direction des élections a refusé récemment de délivrer au mandataire de M. Sonko les formulaires devant servir à recueillir les parrainages nécessaires à une candidature. La Cour suprême a validé ce refus. Ousseynou Ly, une des figures du parti dissous de M. Sonko, a indiqué que le parti allait entamer rapidement la collecte des parrainages, "vu que plus rien ne s'oppose à la participation de M. Sonko".

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