Rattachée au Commandement des opérations spéciales(COS), cette unité opérationnelle interarmées de 400 militaires constitue le déploiement le plus important de forces spéciales (FS) hors de l'Hexagone, en nombre et en longévité.
Basée près de Ouagadougou, cette force a œuvré contre les jihadistes sur l'ensemble de la bande sahélo-saharienne. Mais sa zone d'exercice se rétrécit après le retrait en 2022 de l'armée française du Mali et désormais du Burkina Faso.
Créée en 2009, la Task Force Sabre est déployée pour répondre à une série de prises d'otages et à une attaque contre l'ambassade française en Mauritanie. En août 2009, un jihadiste commet un attentat suicide devant l'ambassade, blessant deux gendarmes français et une Mauritanienne, un mois et demi après l'assassinat d'un ressortissant américain.
"Ces évènements conduisent la France a déployer un premier détachement d'abord en Mauritanie, puis au Niger et au Burkina Faso pour défendre les intérêts français et intervenir en cas de prise d'otage", explique le journaliste Jean-Marc Tanguy, auteur de plusieurs ouvrages les forces spéciales françaises.
Active dans plusieurs pays sahéliens, la force Sabre finit par s'établir sur la base de Kamboinsin, en périphérie de Ouagadougou. "C'est assez central et c'est proche du Mali, où il y avait déjà une montée en puissance des groupes jihadistes", précise Jean-Marc Tanguy.
Un intérêt géographique qui se confirme quand, en janvier 2013, Sabre intervient pour freiner l'avancée des jihadistes vers Bamako. "Pendant 15 jours, c'est quasiment la seule force combattante au côté des Maliens, le temps que la force française Serval arrive", souligne Jean-Marc Tanguy.
A partir de 2013, la quasi totalité des actions des FS se concentre au Mali, où se situent alors les principaux foyers jihadistes. Avec le déploiement de Serval puis de l'opération Barkhane à partir de 2014, la mission de Sabre évolue principalement vers la traque des chefs jihadistes.
Selon Jean-Marc Tanguy, "l'essentiel des chefs jihadistes neutralisés au Sahel l'ont été soit par les commandos de la force Sabre soit par des drones armés ou des avions de chasse dans le cadre d'opérations spéciales".
La force intervient également épisodiquement lors d'attentats ou pour libérer des otages. En novembre 2015, des jihadistes attaquent l'hôtel Radisson Blu de Bamako, tuant 20 personnes. Lors de cet attentat, Sabre est déployée depuis Gao (Mali) et le Burkina Faso pour les neutraliser.
En mai 2019, les FS françaises sont engagées sur la libération de quatre otages deux Français, une Américaine et une Sud-coréenne dans le nord du Burkina Faso. Alain Bertoncello et Cédric de Pierrepont, tous deux membres du commando Hubert, qui font partie de Sabre, sont tués lors de cette opération.
Composée au départ de quelques commandos, la force Sabre s'est élargie au fil des années tout en gardant des effectifs relativement réduits. "Cela permet d'avoir une faible empreinte logistique et l'agilité essentielle pour apparaitre à des endroits où l'on ne vous attend pas", explique Jean-Marc Tanguy.
Fidèle à la devise du COS "Faire autrement", Sabre a mis en place à plusieurs reprises des commandos nomades dans des zones très reculées du désert sahélien. Des opérations possibles grâce aux largages d'eau et de carburant mais surtout grâce à des volumes de personnels réduits et aguerris à ce mode de vie.
Dotée de véhicules au sol mais aussi d'hélicoptères et d'avions, la force Sabre est capable d'opérer de jour comme de nuit, ce qui la rend encore plus difficile à appréhender.