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Sahel: appel à l'aide internationale d'ONG "dépassées" par l'ampleur de la crise


Des véhicules de l'armée malienne lors d’une opération de coordination tactique 'Hawbi' au centre du Mali, dans la zone frontalière avec le Burkina Faso et le Niger, 1er novembre 2017.
Des véhicules de l'armée malienne lors d’une opération de coordination tactique 'Hawbi' au centre du Mali, dans la zone frontalière avec le Burkina Faso et le Niger, 1er novembre 2017.

Deux ONG ont lancé vendredi à Paris un appel à la mobilisation internationale, se disant "dépassées" par l'accélération de la crise humanitaire au Sahel, notamment au Burkina Faso, où le nombre de déplacés - 600.000 personnes - grimpe de jour en jour.

"J'ai vu des scènes rappelant l'Ancien Testament de la Bible: un véritable exode de gens montés sur un âne, avec quatre chèvres et le peu qu'il leur reste entassé dans une carriole", a témoigné Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), tout juste arrivé de Barsalogho, petite ville du centre-nord du Burkina Faso.

Cette région accueille quelque 270.000 déplacés et réfugiés fuyant les violences djihadistes et intercommunautaires qui ensanglantent le pays depuis 2015. Leur nombre s'est emballé au Burkina ces derniers mois, s'envolant de 87.000 à 560.000 entre janvier et décembre 2019.

Moins de paysans dans les champs, de marchés achalandés et accessibles... "La conséquence de ces mouvements de population est aussi nutritionnelle", a ajouté Jean-François Riffaud, directeur général d'Action contre la faim (ACF).

Parties du nord du Mali en 2012, les violences djihadistes, souvent entremêlées à des confits intercommunautaires, se sont propagées au Burkina Faso et au Niger, faisant 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon les Nations unies.

"Ces communautés sont en train de s'effondrer et nous sommes impuissants", s'est alarmé le responsable du NRC lors d'une rencontre à Paris avec quelques journalistes. Les réfugiés de Barsalogho sont contraints de se partager 20 litres d'eau par famille et par jour, huit fois moins que la ration minimum, a-t-il souligné.

Près de 4,2 millions de personnes étaient en situation de précarité alimentaire dans les pays du G5 Sahel (qui compte aussi le Tchad et la Mauritanie) en décembre 2019. Et ce chiffre risque de grimper à 6,6 millions (+57%) en juin 2020, selon l'ONU.

Avec 150 millions de dollars déboursés en 2019, sur 315 nécessaires au financement des opérations humanitaires d'urgence au Sahel, la réponse internationale n'est pas à la hauteur ont déploré les deux responsables.

Les deux ONG ont aussi épinglé "la logique essentiellement militaire et sécuritaire" des pays du G5 Sahel et de leurs partenaires internationaux, notamment la France avec son opération Barkhane.

"Il y a des affrontements intercommunautaires, une lutte pour le contrôle des ressources... il ne suffit pas de chasser les terroristes", a observé Jan Egeland.

Par ailleurs, les règles internationales édictées au nom du contre-terrorisme entravent le travail des humanitaires, contraints de négocier avec les groupes armés pour accéder aux personnes vulnérables, ont souligné ACF et NRC.

"Un certain nombre de règles amène les bailleurs à nous poser des conditions dans la sélection des partenaires sur le terrain, de nos collaborateurs, voire même à envisager de nous demander qui sont les bénéficiaires", des exigences "contraires au droit national humanitaire", a déclaré Jean-François Riffaud.

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