Il a également souligné, dans une interview au quotidien Le Monde, que les cinq chefs d'Etat du Sahel conviés le 16 décembre en France par le président Emmanuel Macron pour "clarifier" leurs positions sur la force antidjihadiste française Barkhane, avaient été consultés au préalable au sujet de cette réunion.
"Nous avions sondé, auparavant, nos interlocuteurs sur leurs disponibilités à venir", a-t-il relevé alors que "l'invitation" des cinq présidents (Mali, Burkina, Niger, Tchad, Mauritanie) a été perçue comme une "convocation" dans leurs pays.
Parmi les points à "clarifier", le ministre a mis l'accent sur "le ressentiment antifrançais" au Sahel et le retard dans la mise en œuvre des accords de paix au Mali.
"Sommes-nous bien d'accord pour poursuivre ensemble ce combat contre les djihadistes ? Il faut se le redire et que les autorités concernées le redisent à leur opinion", a insisté le ministre français des Affaires étrangères.
A Bamako, Ouagadougou ou Niamey, une partie des opinions s'agace de l'incapacité imputée aux forces nationales et internationales à venir à bout des mouvements djihadistes. Sur les réseaux sociaux, rumeurs et désinformation se multiplient au sujet des buts supposés ou réels de Barkhane.
"Il faut que les choses soient très claires concernant notre présence. Nous n'avons aucun intérêt dans cette région, sauf la défense du droit et de notre propre sécurité. Si ça ne passe pas par des accords et une clarification des engagements, il faudra se poser des questions et repenser notre positionnement militaire", avertit le ministre.
"Sinon, nous serions amenés à revoir nos postures, tout en gardant à l'esprit que cela concerne notre sécurité", poursuit-il suggérant ainsi non pas un retrait à court terme de Barkhane mais son repositionnement géographique.
Au passage, Jean-Yves Le Drian, qui avait supervisé le déploiement de Barkhane lorsqu'il était ministre de la Défense de François Hollande, a dit faire ce constat "avec tristesse et un peu de révolte", soulignant que la France avait déjà perdu 41 soldats au Sahel et qu'elle intervenait "à la demande" des pouvoirs en place.
Concernant le processus de paix au Mali, les accords d'Alger de 2015, qui prévoient l'intégration d'ex-rebelles dans les forces de défense et une plus grande autonomie des régions, doivent voir "leurs objectifs réaffirmés et (leur) agenda clarifié", a également dit le ministre.