La plantation d'espèces végétales qui affectent négativement la capacité des moustiques à transmettre le parasite pourrait par conséquent représenter une nouvelle stratégie de lutte contre le paludisme, suggèrent ces chercheurs dont les travaux viennent de paraître dans la revue spécialisée Plos Pathogens.
Le paludisme est responsable de plus de 430.000 décès par an, dont 90% sur le continent africain. Il est dû à un parasite, Plasmodium falciparum, transmis à l'Homme par des moustiques femelles Anopheles.
On savait, d'après des études récentes que l'alimentation sucrée de ces moustiques, qui se nourrissent aussi de sang (humain ou animal) a un impact sur leur durée de vie. En revanche, l'influence de la diversité des plantes sur leur capacité à transmettre le parasite restait peu connue.
Les chercheurs ont donc passé à la loupe leur alimentation.
Ils se sont intéressés à l'alimentation du moustique Anopheles coluzzii, un des vecteurs majeurs du parasite en Afrique subsaharienne.
En laboratoire, les chercheurs ont nourri des moustiques avec des sucres naturels, issus de nectars de plantes ornementales (Barleria lupilina et la Thevetia neriifolia surnommée laurier jaune) et de fruits (mangue et raisin sauvage) collectés dans les jardins et parcs de la ville de Bobo Dioulasso (Burkina Faso).
Un groupe de moustiques témoin a reçu pour sa part de l'eau sucrée à 5%. 24h après, les moustiques se sont vu offrir un repas de sang infecté par le parasite.
Pendant 14 jours (durée de développement du parasite dans le moustique), l'alimentation des moustiques a continué avec l'une des sources de sucre (fleur, fruit ou solution d'eau sucrée).
D'après leurs calculs et observations, les chercheurs soulignent que l'alimentation en sucres naturels influençait significativement le développement du parasite, la fécondité des moustiques ainsi que leur longévité. Ainsi, les moustiques nourris avec du nectar du laurier jaune (T. neriifolia) ont montré une baisse de 30 % de leur capacité de transmission du paludisme, alors que ceux gorgés de nectar du "raisinier" L.microcarpa et de la plante B.lupilina, ont vu leur potentiel de transmission augmenter de 30 à 40%, selon les chercheurs.
Les mécanismes d'actions précis restent inconnus, mais des composés toxiques pour le parasite pourraient être impliqués, d'après les auteurs, Domonbabele Hien de l'Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS) et Thierry Lefevre (IRSS-IRD-CNRS) au Burkina Faso et des collègues anglais et suédois à l'origine de ce travail.
Des recherches sur une plus large gamme de plantes sont cependant nécessaires, afin notamment d'identifier des espèces qui pourraient potentiellement bloquer la transmission du parasite, note l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
Avec AFP