Elles sont nombreuses ces femmes qui creusent leur sillon dans le monde des innovations technologiques en évoluant dans des métiers auparavant chasse gardée des hommes. Parmi elle, Doria Rey est fondatrice de Service Plus, une entreprise qui accompagne les citoyens dans leurs démarches administratives digitalisées. De ses expériences précédentes, elle retient que "les hommes ont encore du mal à voir les femmes dans le milieu".
"J'ai travaillé dans un environnement où j'étais la seule femme, en plus j'étais à un poste de responsabilité, se rappelle-t-elle. Ce n'était pas évident. Ils ont fini par m'avouer au cours d'un repas qu'ils se sont demandé qui était cette femme qui venait chez nous avec sa veste et ses talons faire le chef."
Au Bénin, les autorités ainsi que les organisations de la société civile encouragent les filles à choisir des métiers comme celui de community manager, de rédactrice web, de social média manager, de web designer, de juriste en cyber sécurité, de gestionnaire de projet numérique, pour n'en citer que quelques-uns.
Certaines comme Nadia se laissent facilement convaincre même si elles se heurtent au refus et à l'incompréhension de leurs proches. "Choisir de devenir scientifique implique beaucoup de sacrifices, dit-elle. Les barrières culturelles empêchent beaucoup de réaliser leurs rêves".
"Ça n'a pas été facile pour moi, poursuit-elle. Même avant l'obtention de mon bac, mes parents, et surtout mon père, ne voulaient pas que je fasse une filière technique. J'ai finalement opté pour la physique-chimie comme le voulait mon père dans l'espoir qu'à la fin je puisse migrer vers les innovations technologiques et peut être vers l'intelligence artificielle".
Pour Anaïs qui est secrétaire de direction, "les femmes donnent le meilleur d'elles-mêmes quand elles exercent des métiers assez flexibles". Selon elle, même si les hommes se complaisent à penser que les secteurs scientifique et technique leur reviennent de droit, il est évident qu'ils ne pourront exceller dans les métiers dits réservés aux femmes.
"Les secteurs d'activités dans lesquels on a longtemps mobilisé les femmes sont ceux qui ont trait aux sentiments, la maternité. C'est la raison pour laquelle dans les secteurs qui demandent assez d'énergie et de réflexion, elles continuent à se faire rare", estime-t-elle.
Malgré le déficit, Barkatou Sabi Boun, une scientifique, pense que des efforts sont faits et méritent d'être encouragés afin que les femmes cessent de voir le secteur du numérique comme un monde exclusivement masculin. Pour elle, «il faut davantage sensibiliser les filles ainsi que les parents sur les nombreuses possibilités qu'offre le secteur".
"Beaucoup ne viennent pas à la science, peut être parce qu'elles ne savent pas que c'est un secteur qui regorge d'opportunités, regrette-t-elle. Il y a quelques années, on avait suffisamment d'infirmières, de sages femmes et moins quand il s'agit des spécialisations. Mais aujourd'hui on a de plus en plus de femmes qui arrivent au doctorat, qui sont dans la recherche et qui sont de véritables professionnelles dans les laboratoires."
Ce tableau est spécifique pour le milieu urbain. Dans le monde rural, plusieurs facteurs comme l’accès continu à l’électricité, la connexion internet, la méconnaissance des métiers qu’offre le secteur, hypothèquent encore plus la chance des femmes à s’intégrer dans la génération numérique.
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