Laurent Fabius a toutefois ajouté que Paris n’aurait aucune complaisance à l'égard des gouvernements qui "aideraient financièrement les terroristes".
«S'agissant de l'accusation de financement des terroristes portée contre certains pays du Golfe, nos services ont procédé aux vérifications nécessaires» a déclaré mercredi devant l’assemblée nationale M. Fabius, précisant ne disposer d’aucune preuve de ces allégations.
"La lutte contre le financement du terrorisme est une nécessité absolue et une clé si nous voulons éradiquer Daech" a souligné le chef de la Diplomatie française.
Certains pays du Golfe, surtout l'Arabie Saoudite et le Qatar, sont accusés de soutenir financièrement les djihadistes.
Ce financement proviendrait plutôt de riches hommes d'affaires et d'associations, selon certains experts et diplomates.
Georges Malbrunot, Grand Reporter et spécialiste du Moyen-Orient au journal Le Figaro, a dit à VOA Afrique que les Etats-Unis, qui hésitaient à bombarder des installations pétrolières syriennes auparavant, ont commencé à effectuer des raids cette semaine pour lutter contre le financement de Daesh.
Dans l’émission Capital de M6 en France, les journalistes d’investigation Eric Declemy et Emanuel Creutze ont décortiqué les sources de financement de Daesh, disant que celles-ci sont en cours de diversification.
Le budget de l’organisation terroriste est estimé à plus de 2 milliards de dollars pour 2015, selon eux.
Daesh a été financé par de riches mécènes des monarchies du Golfe, mais cette tendance serait à la baisse.
La prise de Mossoul en Irak, le 10 juin 2014, lui aurait rapporté des milliards de dollars.
Environ un quart des revenus du groupe Etat Islamique, soit quelques 600 millions de dollars par an, provient de la contrebande du pétrole, rapporte 20 Minutes citant les deux journalistes, qui n’ont pas manqué de rappeler que Daesh fait du trafic d’œuvres d’art issues des nombreux pillages en Irak et en Syrie.
Ces filières de contrebande lui permettent d’écouler sa production de pétrole notamment via la Turquie, mais, selon les deux journalistes, Daesh contrôle également aujourd’hui 90% des champs de coton syriens. Leur conclusion est qu'un grand nombre de T-shirts à bas prix en provenance de la Turquie et vendus à l’international pourraient financer le terrorisme.
D'autre part, l’organisation tirerait près de 192 millions de dollars par an de revenus de l’agriculture, expliquent MM. Declemy et Creutze, précisant qu’environ 10 millions de personnes vivraient dans la zone sous contrôle du groupe Etat Islamique en Syrie et en Irak. Dans ces territoires, les commerçants sont également taxés, ainsi que les routiers qui transitent par ces régions.
Quant aux fonctionnaires, toujours payés par les gouvernements syriens et irakiens dans ces zones, ils sont parfois taxés jusqu'à 50% de leur salaire, notamment à Mossoul.
Toutes ces «taxes» sont tellement lucratives qu’elles auraient supplanté les revenus de la contrebande de pétrole.