Il n'y a pas de "perspectives" d'amélioration des relations entre Moscou et Ankara, qui a abattu un avion militaire russe le 24 novembre au-dessus de la frontière syrienne, a déclaré jeudi 17 décembre le président russe Vladimir Poutine, ajoutant cependant que la Turquie n'était pas un "Etat ennemi".
Qualifiant de nouveau de "coup de poignard dans le dos" le crash de l'avion russe, Vladimir Poutine a dit "ne pas voir de perspectives (d'amélioration) au niveau gouvernemental" pour les relations russo-turques.
"Ils ont perpétré un acte hostile contre notre aviation. Mais on ne peut pas dire que nous considérons la Turquie comme un Etat ennemi, ce n'est pas ça", a souligné le président russe lors de sa conférence de presse annuelle, devant plus de mille journalistes.
"Notre relation s'est dégradée, oui. Je ne sais pas comment nous pourrions sortir de cette situation. De toute façon, la balle n'est pas dans notre camp mais dans celui des Turcs", a-t-il ajouté.
Des F-16 turcs ont abattu un Soukhoï-24 le 24 novembre alors qu'il survolait la frontière turco-syrienne, provoquant la mort d'un des pilotes, ainsi que celle d'un soldat russe lors d'une opération pour récupérer l'équipage.
"Ils ont tiré sur notre avion, des gens ont été tués. Voilà ce qui m'a vraiment révolté : si c'était vraiment un accident, comme l'a dit le gouvernement turc (...) on prend son téléphone tout de suite et on s'explique", a-t-il déclaré.
La Turquie s'est "cachée derrière l'Otan"
"Au lieu de ça, ils sont vite allés courir à Bruxelles : 'Alerte! On nous fait du tort !' Qui vous fait du tort ? Nous avons attaqué quelqu'un ? Non !", a-t-il continué, accusant la Turquie de "s'être cachée derrière l'Otan", dont elle est membre.
"Si quelqu'un, au sein du gouvernement turc, a décidé de lécher les Américains quelque part, je ne sais pas si nous avons besoin de ce genre d'Américains", a ajouté le président russe, connu pour son franc-parler.
Le pouvoir turc souhaite dire aux Européens et Américains : "Nous sommes islamistes, mais nous sommes vos islamistes à vous", a assuré M. Poutine.
Selon le président russe, la Turquie a abattu l'avion militaire russe pour que la Russie quitte la Syrie, où elle mène des frappes aériennes depuis le 30 septembre à la demande de Damas.
"Mais la Russie n'est pas ce genre de pays", a-t-il déclaré.
Au contraire, "nous avons renforcé notre présence en Syrie, augmenté le nombre de nos avions militaires. Avant, nous n'avions pas là-bas de systèmes de défense antiaérienne, maintenant il y a des S-400. Si avant la Turquie survolait et violait continuellement l'espace aérien de la Syrie, eh bien, qu'ils volent maintenant !", a-t-il lancé.
Avec AFP