Les quatre juges d’instruction des Chambres africaines extraordinaires des juridictions sénégalaises ont conclu vendredi qu’il y avait suffisamment de preuves pour que Habré soit jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture.
Human Rights Watch (HRW) a réagi à cette annonce en la qualifiant d’une tape majeure de la longue campagne pour le traduire en justice.
L’instruction a pris 19 mois. Le procès devrait commencer en mai ou juin au Sénégal, signale l’organisation internationale des droits de l’homme.
L’avocate principale des victimes et présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion et les Défense des Droits de l’Homme (ATPDH), Jacqueline Moudeina, s’est réjouie qu’après avoir enduré tant de souffrances, les victimes de Habré se rapprochent de plus en plus de la justice pour laquelle elles se battent depuis tant d’années.
« Traduire Hissène Habré devant une juridiction est une immense victoire pour la justice », a ajouté Moudeina d’après une déclaration reprise par HRW.
Ce sera la première de l’histoire africaine qu’un Etat va juger le dirigeant d’un autre Etat pour des violations des droits de l'Homme.
M. Habré est accusé de milliers d’assassinats politiques et de l’usage systématique de la torture pendant son régime, de 1982 à 1990, lorsqu’il a été renversé par l’actuel président Idriss Deby Itno et il a fui au Sénégal.
Après une campagne de 22 ans menée par les victimes, les Chambres africaines extraordinaires ont été établies au sein des juridictions sénégalaises en février 2013 afin de poursuivre les crimes le plus graves commis durant son régime.
Les Chambres ont inculpé Habré en juillet 2013 de crimes contre l’humanité, torture et crimes de guerre et l’ont placé en détention provisoire.