Un rassemblement prévu samedi à Dakar par des mouvements citoyens qui appellent à voter contre un projet de réforme de la Constitution lors d'un référendum le 20 mars au Sénégal, a été interdit par les autorités, a-t-on appris auprès des organisateurs.
Suite à une décision du Conseil constitutionnel, Macky Sall a annoncé le 16 février que le passage du septennat au quinquennat prévu par cette réforme ne s'appliquerait qu'à partir du prochain mandat présidentiel et qu'il irait donc jusqu'au bout de son mandat actuel, en 2019. Ces mouvements citoyens voulaient protester contre ce qu'ils estiment être un renoncement de Macky Sall à appliquer la mesure à son mandat.
"Le préfet de Dakar (Baye Oumy Guèye) nous a appelé hier soir (vendredi) pour nous notifier l'arrêté d'interdiction" de la manifestation, a affirmé à l'AFP Ibrahima Dème, secrétaire général de la Coalition "Jubanti Senegal" ("redresser le Sénégal" en langue wolof).
Le préfet a évoqué "des risques d'entraves à la libre circulation des personnes et des biens, des risques avérés d'infiltration par des individus mal intentionnés et des risques de troubles à l'ordre public", a dit M. Dème, dont la coalition est formée d'une vingtaine de mouvements citoyens.
"C'est dommage pour la démocratie sénégalaise. La Constitution reconnaît le droit de manifester. On ne sait pas dans quel pays on est", a indiqué M. Dème. Joint samedi par l'AFP, le préfet de Dakar n'a voulu faire aucun commentaire.
Le rassemblement était prévu de 10H00 à 19H00 à Dakar en présence de responsables de l'opposition et de la société civile, selon les organisateurs.
La manifestation visait à appeler à voter contre un projet de réforme de la Constitution comprenant notamment la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans à partir de 2019, lors d'un référendum prévu le 20 mars au Sénégal.
Le chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall, qui avait promis cette réduction de mandat avec effet immédiat, a été accusé par des ONG et partis de s'être dédit après qu'il a annoncé avoir décidé de suivre l'avis du Conseil constitutionnel selon lequel la réduction du mandat ne peut s'appliquer à celui en cours.
M. Sall a affirmé avoir l'obligation de se "conformer à la décision du Conseil constitutionnel", citant l'article 92 de la Constitution selon lequel les décisions de cette juridiction "s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles".
La question de la durée du mandat a pratiquement occulté les autres volets de la réforme en quinze points, portant sur les règles électorales, l'élargissement des pouvoirs de l'Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel.
AFP