Macky Sall a annoncé mardi soir lors d'une allocation télévisée que le passage du septennat au quinquennat prévu par la révision constitutionnelle qu'il soumettra à référendum le 20 mars s'appliquerait seulement à partir du prochain mandat présidentiel et qu'il irait en conséquence jusqu'au bout de son mandat, en 2019.
Elu au second tour en 2012 pour sept ans face à Abdoulaye Wade (2000-2012), M. Sall a saisi en janvier le Conseil constitutionnel de son projet de réforme de la Loi fondamentale prévoyant, conformément à sa promesse de campagne, une réduction immédiate du mandat du chef de l'Etat (le nombre de mandats étant limité à deux consécutivement).
"Le président de la République a échoué. A l'incompétence qui lui était reconnue, il vient d'ajouter le déshonneur. Il nous faut à présent tourner sa page, fixer un cap vers le vrai changement qui redonnera toute sa crédibilité à la parole politique", a déclaré l'ex-Premier ministre et opposant Idrissa Seck.
"Lorsque la crédibilité de la parole présidentielle s'effondre, aucune autre de ses actions ne présente un intérêt", a ajouté M. Seck lors d'un point de presse.
Le mouvement "Y'en a marre", à la pointe du combat en 2012 contre un troisième mandat du président Wade, a également accusé son successeur de revenir sur sa parole et annoncé qu'il ferait campagne pour le non.
Le Sénégal a "raté une occasion formidable avec cette décision qui est un grand bond en arrière", a quant à lui estimé sur la radio Futurs médias Alioune Tine, actuel directeur régional d'Amnesty International et ancien coordonnateur du Mouvement du 23 juin, une organisation qui s'était également beaucoup investie contre un troisième mandat de Wade.
Anticipant ces critiques, M. Sall a affirmé avoir obligation de se "conformer à la décision du Conseil constitutionnel", citant l'article 92 de la Constitution selon lequel les décisions de cette juridiction "s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles".
AFP