"On n'accepte pas qu'une personnalité aussi illustre que Cheikh Ahmadou Bamba (le fondateur de la confrérie des mourides, NDLR) soit mêlée à ce type de débat", a dénoncé le porte-parole du gouvernement sénégalais, Seydou Guèye, vendredi sur la radio privée RFM.
"On ne saurait contribuer à la vulgarisation d'un article aussi dégradant. (...) Le gouvernement exprime sa plus forte indignation et condamne de façon ferme et définitive ce forfait", a-t-il ajouté.
Jeudi soir depuis Touba (centre), ville sainte des mourides, le porte-parole de la confrérie, Serigne Bassirou Mbacké Abdoul Khadre, a dénoncé une attaque contre Cheikh Ahmadou Bamba et les mourides à travers ce dessin, ont rapporté vendredi plusieurs journaux.
"Le disciple qui voit son guide attaqué peut avoir une réaction imprévisible", a-t-il prévenu.
Le dessin controversé accompagnait un article sur une polémique alimentée au Sénégal par l'utilisation par des hommes de sacs à main considérés comme féminin, suivant une mode lancée par un jeune chanteur, Wally Seck. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l'usage par les hommes de cet accessoire, certains allant jusqu'à l'assimiler à une promotion de l'homosexualité, illégale dans ce pays comptant plus de 90% de musulmans.
Dans l'article publié jeudi sur son site Internet, intitulé "Jeu de sacs à main, jeu de vilains...", Jeune Afrique a utilisé une caricature représentant un Occidental qui regarde une photo de Cheikh Ahmadou Bamba. "Tiens, pourquoi il porte une robe, lui ?" demande l'Occidental, cigare à la main, à un homme noir, chéchia et barbiche, interloqué.
Cette version initiale a suscité une vague d'indignations d'internautes sénégalais sur les réseaux sociaux. Jeune Afrique a ensuite modifié le dessin, remplaçant la photo du chef religieux par le dessin d'un adulte en boubou.
Vendredi, le lien vers l'article renvoyait à un message de la rédactrice en chef numérique de Jeune Afrique où Elise Colette a présenté les " sincères excuses" du journal qui, "compte tenu de l'émotion suscitée au Sénégal", a "préféré supprimer ce dessin et le texte qui l'accompagnait".
"Avec ce dessin, notre intention n'était pas de blesser qui que ce soit, et encore moins de porter atteinte à la figure vénérée par de nombreux fidèles de Cheikh Ahmadou Bamba, mais de dénoncer la bêtise de ceux qui ne font pas la différence entre un caftan et une robe", affirme Mme Colette.
Avec AFP