Peu avant la fin de la cérémonie de la 70e édition, "Game of Thrones" n'avait obtenu qu'une statuette, pour Peter Dinklage (Tyrion Lannister), et "La Servante Ecarlate" restait bredouille.
"La Servante Ecarlate", abondamment primée lors de la précédente édition et forte de 20 nominations, explore une Amérique en proie à un régime théocratique dans lequel les femmes fertiles sont réduites à l'état d'esclaves vouées à la reproduction. Elle était donnée favorite par beaucoup d'experts d'Hollywood, d'autant que les préoccupations qu'elle soulève sont particulièrement présentes dans l'Amérique du mouvement #MeToo de lutte contre les violences faites aux femmes.
Ce sont bien des femmes, assez politiques également dans leur genre, que l'Académie a privilégiée cette année, en la personne de "Mme Maisel" et de la reine d'Angleterre.
La série "Mme Maisel, femme fabuleuse", récompensée par l'Emmy de la meilleure comédie, dépeint une femme au foyer juive qui se crée une nouvelle vie et fait scandale dans les années 1950, après avoir été trompée et quittée par son mari.
"Ca parle d'une femme qui trouve une nouvelle voix. C'est quelque chose qui se produit partout dans le pays en ce moment. Et ce qu'on peut faire de mieux avec nos voix, c'est de voter", a déclaré Rachel Brosnahan, après avoir reçu l'Emmy de la meilleure actrice dans une série de comédie pour son rôle de Mme Maisel.
Un appel au vote lancé alors que les élections de mi-mandat, déterminantes pour un président Donald Trump très polémique, doivent se tenir début novembre.
Autre femme politique à l'écran, la comédienne britannique Claire Foy a reçu lundi le prix de la meilleure actrice dans une série dramatique pour son interprétation d'Elizabeth II dans "The Crown".
La série phare de la plateforme en ligne Netflix a été un tremplin pour l'actrice de 34 ans, qui était jusqu'ici surtout connue pour ses apparitions à la télévision anglaise et a depuis décroché plusieurs rôles de premier plan.
"Fonzie" enfin consacré
Absente l'an dernier en raison d'un calendrier de diffusion défavorable, la célébrissime série "Game of Thrones" de HBO était celle qui comptait le plus de nominations (22). Elle n'a pas transformé l'essai, peut-être victime de ses succès passés: en 2016, la saga du Trône de Fer avait récolté douze Emmy Awards, devenant la série la plus titrée depuis la création de ces récompenses en 1949.
Côté meilleur acteur, c'est l'acteur gallois Matthew Rhys qui a reçu lundi soir l'Emmy Award du "meilleur acteur dans une série dramatique" pour son rôle dans "The Americans". Succès populaire mais peu primé, la sixième et dernière saison de cette saga sur des taupes soviétiques du KGB durant la Guerre froide s'est terminée au printemps.
Autre surprise, le western futuriste "Westworld" (HBO) et ses androïdes trop humains, récompensé à travers la Britannique Thandie Newton, Emmy du meilleur second rôle féminin.
Côté comédie, les quelque 22.000 professionnels de l'Académie appelés à voter avaient l'embarras du choix. En l'absence de la satire politique "Veep", régulièrement primée mais dont la diffusion a été chamboulée en raison du cancer dont souffre l'actrice principale Julia Louis-Dreyfus, ou de "Roseanne", arrêtée en juin après un tweet raciste de sa star pro-Trump Roseanne Barr, "Atlanta" semblait avoir ses chances, mais n'avait pas non plus fait le plein dans la dernière ligne droite.
Espoir déçus également pour l'équipe de "The Assassination of Gianni Versace", dont Penelope Cruz, Ricky Martin et Edgar Ramirez ont tous échoué à monter sur le podium. Seul Darren Criss, qui campe le tueur du designer, a triomphé, face à des pointures comme Antonio Banderas ("Pablo Picasso") ou Benedict Cumberbatch, qui quitte cette année la peau de Sherlock Holmes pour celle de "Patrick Melrose.
Le vétéran Henry Winkler, légendaire "Fonzie" de la série "Happy Days" dans les années 1970, a enfin connu la consécration aux Emmy Awards avec une récompense pour son rôle dans "Barry" (HBO) dont la vedette est un tueur à gages solitaire pris dans le petit monde du théâtre amateur à l'occasion d'un contrat.
Avec AFP