Fortes têtes, ces deux-là ne font rien comme les autres, et cela transparaît dans leurs choix tactiques: il a suffi d'une saison à Conte pour révolutionner la Premier League, tandis que l'Argentin Simeone prône un football unique en son genre.
A lui seul, l'Italien a importé un système méconnu en Angleterre: la défense à trois. Il y a un an, Chelsea était mené 3-0 à la pause par Arsenal. Après dix minutes en seconde période, l'ancien sélectionneur de l'Italie a tout changé. S'il n'a pas évité la défaite, ce schéma a renversé la vapeur d'une saison qui virait au cauchemar et guidé les "Blues" jusqu'au titre, avec une série record de 13 victoires d'affilée.
La formule a tellement séduit que tout le monde s'y est mis: les gros (Arsenal, Tottenham, Manchester City) comme les petits (Everton, Swansea, West Ham, Watford, Stoke)...
A l'inverse, l'Argentin Simeone aime être à contre-courant en Espagne.
Dans une Liga qui ne jure que par le jeu de possession léché et la finesse technique, dans le sillage de la sélection espagnole, "El Cholo" a fait de son Atletico une machine inesthétique mais ultra-efficace, mêlant mur défensif et méthode de rouleau-compresseur.
Avec Simeone, même les attaquants reviennent parfois défendre comme des arrières latéraux ! Beau symbole du bloc-équipe souhaité par l'intraitable technicien argentin, qui ne jure que par des lignes très resserrées, un jeu direct et un pressing constant.
A Chelsea, Conte exige énormément de ses joueurs sur le terrain.
Cet engagement, la peste Diego Costa l'a incarné à merveille la saison passée avec son travail de l'ombre. Sauf qu'un clash entre l'Italien et l'Hispano-Brésilien a renvoyé l'attaquant vers l'Atletico, son ancien club (2010-2014), où il devrait rejouer à partir de janvier.
Problème, sans leur maître des basses oeuvres, les "Blues" ne semblent plus maîtriser leur agressivité: 12 cartons jaunes et déjà trois exclusions rien qu'en Premier League...
L'Atletico a connu des soucis similaires en Liga avec l'exclusion dès la première journée d'Antoine Griezmann pour avoir insulté un arbitre. Mais pour le reste, Simeone est un maître pour transcender ses joueurs dans le vestiaire et les transformer en guerriers.
"Lors de ma première saison (en 2014), quand je n'étais pas bien les premiers mois, il m'apportait sa confiance", a rappelé Griezmann mi-septembre.
Mercredi à Madrid, il y aura peut-être plus de spectacle sur le bord de touche que sur la pelouse.
Toujours prêt à s'embraser, Conte vit ses matches à fond, grands mouvements de bras et hurlements à la clé. Mais à trop pousser son équipe, l'entraîneur aux yeux bleus perçants a parfois froissé ses homologues.
En mars, Conte et José Mourinho (Manchester United) ont été séparés par le quatrième arbitre après un échange d'opinions musclé. Soit le deuxième round d'un clash débuté dès octobre: lors de son retour à Stamford Bridge, "Mou" avait été écrasé 4-0 et avait peu apprécié les harangues de l'Italien...
Simeone, lui, est l'icône du club "colchonero", avec lequel il vient de prolonger jusqu'en 2020. Ancien milieu de terrain idolâtré par les supporters, il n'hésite pas à soulever le public en plein match pour augmenter la pression sur l'adversaire... et l'arbitre.
Il a parfois dépassé les bornes: petites tapes derrière la nuque du quatrième arbitre, jet d'un second ballon sur le terrain pour ralentir le jeu...
Mais les "Colchoneros" adorent ce côté querelleur et rugissent de plaisir quand leur héros s'agite. Cette atmosphère bouillante a fait les beaux jours de l'Atletico: une seule défaite en 23 matches à domicile en C1 depuis l'arrivée du technicien en 2011.
Reste à savoir si l'ambiance sera aussi chaude au nouveau stade Wanda Metropolitano, inauguré mi-septembre, que dans l'antique Vicente-Calderon (1966-2017). "Ce nouveau stade va être fantastique. Depuis la pelouse, on dirait les jeux du cirque à Rome", a savouré Simeone samedi. Avec lui et Conte dans le rôle des lions en cage ?
Avec AFP