"L'ancienne page est tournée (...), militants, levez-vous pour une nouvelle page, on est partis sans arrêt, on est partis, on est partis!", a-t-elle déclaré sous les ovations d'un millier de militants réunis dans sa résidence de Cocody, un quartier huppé d'Abidjan.
La "dame de fer", 69 ans, souriante quoique fatiguée, visiblement émue par l'accueil chaleureux de ses sympathisants, s'est exprimée seulement quelques minutes.
Mme Gbagbo condamnée à 20 ans de prison pour atteinte à la sureté de l'Etat, bénéficie à l'instar de 800 personnes, d'une amnistie, décrétée lundi par le président ivoirien Ouattara, afin de favoriser la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire.
"La refondation, c'est dedans on a commencé", a-t-elle dit, dans un discours à la tonalité peu politique, mais dans lequel elle a remercié tous ceux qui l'ont soutenu pendant ses sept années de détention, et qui ont tenu le flambeau du parti, en son absence et celle de son mari Laurent Gbagbo.
L'ex-président ivoirien (2000-2010) est actuellement détenu et jugé par la Cour pénale internationale à La Haye, accusé de crimes contre l'humanité commis pendant la crise post-électorale (3.000 morts en 2010-11).
Le chef du FPI pro-Gbagbo, Abdoudramane Sangaré, a souhaité que la libération de Mme Gbagbo "prépare l'arrivée de Laurent Gbagbo", dont les avocats ont à nouveau demandé la libération à la CPI, qui doit statuer en octobre.
"Un pas a été franchi, un autre reste à faire, je sais que nous aurons raison de tous les obstacles", a-t-il déclaré.
Auparavant, l'ancien ministre de la construction Assoa Adou, également libéré de prison mercredi, a espéré une "première victoire" aux élections locales du 13 octobre, avant une autre victoire à l'élection présidentielle de 2020.
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La position actuelle du FPI pro-Gbagbo (le parti étant divisé en deux factions) est cependant de continuer à boycotter les élections tant que la commission électorale n'aura pas été réformée.
Dans son allocution à la Nation lundi, où il a annoncé l'amnistie, le président ivoirien Alassane Ouattara s'est aussi engagé à réformer la commission électorale, jugée partiale et favorable au pouvoir par l'opposition, ainsi que par la cour africaine des droits de l'Homme. Le président n'a toutefois pas donné de date.
L'ancien ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi, lui aussi libéré ce mercredi après plusieurs années de prison, a estimé que la détention était pour les prisonniers politiques "un temps de pourrissement, mais de régénérescence, d'incubation et de refondation".
"On peut quitter la prison pour aller vers la présidence, et vice-versa", a-t-il déclaré, citant Laurent Gbagbo du temps de son opposition à Félix Houphouët-Boigny, le premier président et père de l'Indépendance ivoirien, suscitant une ovation de la foule.
Avec AFP